1H11 – La guerre d’Algérie (1954-1962)

Introduction

→ Une colonie de peuplement (un million d’européens)
→ Un statut particulier : un territoire constitué de départements français
→ Un contexte mondial de décolonisation (droit des peuples à disposer d’eux-mêmes) et la deuxième guerre mondiale.
→ La France, occupée en 1940 est en train de perdre son empire colonial => Cristallisation sur ce territoire.

Problématique : Pourquoi l’indépendance de l’Algérie s’est-elle traduite par une guerre violente ? Quelles sont les conséquences de cette guerre en France et en Algérie ?

I – Les causes de cette guerre

A) Des inégalités économiques et sociales

→ Trois départements français : Algérois, Constantinois, Oranais
→ Balance démographique favorable aux musulmans
→ Faible taux de scolarisation des enfants musulmans (20%)
→ Niveaux de vie très différents entre européens (pieds-noirs) et algériens musulmans : inégalités économiques (à nuancer : c.f. Albert CAMUS)

B)  Des aspirations indépendantistes refoulées

Dans l’entre deux guerres, des aspirations indépendantistes émergent : ENA puis PPA de Messali HADJ (1937) – Manifeste du peuple algérien Ferhat ABBAS (1943)
→ Après la seconde guerre mondiale, les Algériens demandent à ce que leur participation soit reconnue => demande d’égalité contre régime de l’indigénat.
→ 1944 : Octroi limité de la citoyenneté française pour 65 000 algériens, (assimilés)

8 mai 1945 – insurrection et massacre de Sétif : 102 morts français – morts algériens sujet à débat : entre 5 000 (Guy Perville) et 45 000 (gvt algérien)
→ 1946 : création du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) de Messali HADJ pour l’indépendance totale.
→ 1947 : création d’une assemblée algérienne sans réel pouvoir. => Absence de réforme cristallise les positions.

1er novembre 1954 : Dissidents Ahmed BEN BELLA et Mohammed BOUDIAF créent le FLN (Front de libération nationale) – Manifeste du FLN « Conformément aux principes révolutionnaires et compte tenu des situations intérieure et extérieure, la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu’à la réalisation de notre but. […] »

II – Les grandes étapes de la guerre d’Algérie

A) L’escalade vers la violence

Attentats du 1er novembre 1954 (Toussaint rouge) => début d’un conflit violent qui durera huit ans et qui se caractérise par une cristallisation des positions de part et d’autre.

Choix tactiques et radicalisation du FLN
Une lutte armée et violente : la guerilla (Toussaint 1954, massacres de civils, embuscades, utilisation du terrain et de la population musulmane).
Elimination des « Musulmans » traitres : harkis et des opposants internes (guerre civile)
Obtention du soutien international (la « question algerienne » à l’ordre du jour de l’assemblée générale de l’ONU en 1955)

Les réponses répressives de la métropole
Affirmation de l’intégration de l’Algérie à la France et refus de l’ingérence internationale: « L’Algérie c’est la France »  F. Mitterrand (min intérieur) et Pierre Mendès France (chef de gvt) en 1954 – Etat d’urgence (1955) – Pouvoirs spéciaux votés par gvt de Guy Mollet en 56
Pour la France c’est une réponse militaire de «pacification» et  de «maintien de l’ordre» : arrivée du contingent en 1956 (appelés) et recrutement de forces supplétives musulmanes (les harkis)
Guerre psychologique (détacher les Musulmans du FLN présenté comme un mouvement terroriste)

B) Tortures et répression : la division de l’opinion française

Bataille d’Alger (1957). Assassinat des fellaghas (militants du FLN) : pleins pouvoirs accordés par le gouvernement de Guy Mollet au Général Massu sur le Grand Alger => 3.024 disparitions de suspects. FLN exsangue, querelles internes.

Soulèvement d’Alger (13 mai 1958 ): Français d’Algérie et certains Algériens en appellent au général de Gaulle. Formation d’un comité de salut public présidé par le général Massu.

 Manifeste des 121 : Soutien des porteurs de valise et des intellectuels aux combattants algériens : => division de l’opinion française

III – Les conséquences de l’intervention du général De Gaulle

A) Autodétermination et indépendance

Le retour de De Gaulle : René Coty finit par céder aux pressions : retour de De Gaulle au pouvoir => fin de la IVème République (1946 – 1958)
Gouvernement de De Gaulle entre en fonction le 1er juin 1958 – Vème république adoptée par référendum le 28 septembre 1958 – psdt V ème Rep le 21 décembre 1958 – Référence du général De Gaulle à l’autodétermination (16 sept. 1959) → opinion publique plutôt favorable (+ 70%)

GPRA : Trois gouvernements provisoires algériens entre 1958 et 1962 (Abbas, Abbas, Benkhedda)- La plupart des ministres sont cependant en prison.

Putsch d’ALGER (avril 1961) : Réaction violente des généraux sur place qui tentent de prendre le pouvoir par la force mais vite arrêté (De Gaulle prend les pleins pouvoirs)

Accords d’Evian  18 mars 1962 – Indépendance proclamée le 3 juillet 1962 – Présidence d’Ahmed Ben Bella

B) Après la guerre : violences et mémoires

OAS (organisation armée secrète) « Politique de la terre brûlée » => 2 500 assassinats – > Attentat du petit Clamart contre De Gaulle en 1962
→ Massacres du FLN sur européens => Fuite des Pieds-noirs et juifs séfarades (900 000p)
→ Entre 10 et 70 000 harkis massacrés par les Algériens → aucune reconnaissance de la France pour les autres

Mémoire et identité nationale en Algérie
→ Guerre de libération nationale pour les Algériens (mais opposition kabyle et berbère de l’arabisation forcée)
→ FLN toujours au pouvoir, archives non encore déclassées –

Entre mémoire et repentance en France
→ « Evénements » jusqu’en 1999 : « guerre » mais climat de tension rend difficile l’étude « froide » des faits.
→ Archives non encore complètement déclassées.


Chronologie des événements : la guerre d’Algérie en 15 dates

  • 1 nov. 1954 : début de la guerre d’Algérie
  • Mars – Avr. 1956 : vote des pouvoirs spéciaux de l’armée en Algérie – arrivée du contingent français en Algérie
  • 1957 : bataille d’Alger
  • 13 mai 1958 : à Alger, des manifestants s’emparent du gouvernement général. Formation d’un comité de salut public présidé par le général Massu, qui fera appel au général de Gaulle
  • Juin 1958 : de Gaulle, se rend à Alger où il prononce son discours : «Je vous ai compris», et installe le général Salan comme délégué général du gouvernement et commandant en chef en Algérie
  • 16 sept. 1959 : de Gaulle fait, pour la première fois, référence au principe de l’autodétermination
  • 24 janv.-1 fév. 1960 : en réaction au remplacement de Massu (rappelé en métropole), semaine des barricades organisée par les français d’Algérie ; le 2 fév., l’Assemblée nationale vote les pouvoirs spéciaux à de Gaulle.
  • 19 déc. 1960 : l’Assemblée générale de l’ONU reconnaît le droit de l’Algérie à l’indépendance
  • 8 janv. 1961: référendum sur le principe de l’autodétermination
  • 22 avr. 1961: putsch des généraux Challe, Jouhaud, Salan et Zeller à Alger. L’Etat d’urgence est décrété.
  • 19 déc. 1961: manifestation à Paris contre l’OAS et pour la paix en Algérie, à l’appel des partis de gauche et syndicats
  • Fév. 1962: recrudescence des attentats OAS, qui se poursuivront pendant toute l’année
  • 8 fév. 1962: manifestations à Paris contre l’OAS ; l’intervention brutale de la police au métro Charonne fait 9 morts ; le 13 fév., les obsèques des victimes rassemblent des centaines de milliers de personnes
  • 18 mars 1962: signature des Accords d’Evian
  • 3 juil. 1962: reconnaissance officielle par la France de l’indépendance de l’Algérie. Retour des rapatriés en France et massacre des harkis en Algérie.

Les acteurs algériens de l’indépendance.

Messali HADJ (1898 – 1974)

→ Famille nombreuse – père maigre parcelle agricole. Messali a fréquenté école française jusqu’à 9-10 ans et Madrasa. PGM=> France entre 1918 et 1923. Investissement en politique en métropole dans sillage mouvement ouvrier français (PCF)
→ Etoile Nord-Africaine créée en 1926 dissoute en 37. Puis recréé sous le nom du Parti du Peuple Algérien de 37 à 39. Un des premiers à revendiquer l’indépendance de l’Algérie.
→ Arreté de très nombreuses fois. c.f. Meeting d’Alger au stade municipal en 1936  organisé par le congrès musulman il est fortement applaudi puis mis sous résidence surveillée => Messali enfermé ou maintenu à résidence entre 37 à 46 => nom de Messali Hadj « effacé » de l’histoire algérienne après conflit avec le FLN dans les années 55.

Ferhat ABBAS (1899 – 1985)

→ Kabylie – père a reconstitué un patrimoine foncier après confiscation terres de 1871.=> devient caïd puis bachaga pour les français. Ferhat accède de fait aux études supérieures. Commence étude de pharmacie en 1923 (89 algériens à l’université) : le pharmacien de Sétif
→ Fédération des élus (algériens détenteurs de fonctions électives) – Manifeste du peuple algérien pour égalité des droits en 1927. Attentif aux projets réformistes de la France
→ Elite algérienne francophone : « évolué » / « traitre » – Algérie en tant que patrie est un mythe. => demande respect égalité et statut musulman
→ Congrès musulman réunit les Oulémas et l’association des élus aux cotés du Parti Communiste Algérien. => soutient le projet Blum-Viollette. Après échec du projet, Abbas se radicalise : 1943 réclame avec soutien des oulémas un Etat algérien doté d’une constitution propre. Emprisonné entre 45 et 46.
→ En 1958 devient président du GPRA s’oppose rapidement au pouvoir et publie en 1984 L’indépendance confisquée.

Ahmed BEN BELLA (1916 – 2012)

→ Combattant de l’indépendance algérienne « chefs historique » du Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA), futur Front de libération nationale (FLN), parti indépendantiste algérien.
→ Arrêté en 1950 puis en 1956 lors du détournement par l’armée française de l’avion l’emmenant lui et d’autres indépendantistes au Maroc
→ Libéré en 1962, il rentre en Algérie
→ Premier président du Conseil des ministres de 1962 à 1963 puis le premier président de la République de 1963 à 1965.
→ Destitué par le coup d’État du 19 juin 1965 mené par son vice-premier ministre, le colonel Houari Boumédiène.


Pour réussir l’évaluation de ce chapitre il faut

Des connaissances :

  • Connaitre le cours. Ici ne se trouvent que les éléments essentiels, votre prise de note et le manuel sont essentiels.
  • Savoir définir et utiliser les mots clés et les notions abordées :  Autodétermination – OAS – Harkis etc. Vous pouvez retrouver le vocabulaire de la leçon sur cette page
  • Savoir décrire la guerre d’Algérie, ses causes et ses conséquences
  • Pouvoir analyser les discours sur la guerre d’Algérie en les confrontant aux faits.  (mise à distance – confrontation)
  • Savoir replacer la guerre d’Algérie dans un contexte plus large ( des colonisations à nos jours)

Des compétences :

  • Etudier et analyser un corpus documentaire. La fiche méthode distibuée en classe peut être consultée ici : l’étude de document au lycée
  • Prendre des notes et compléter le cours avec le manuel et d’autres ressources.

Un peu de travail supplémentaire :

  • L’essentiel :

Une première vidéo de l’INA sur le 13 mai 1958 (avec Jean Lacouture)
https://fresques.ina.fr/jalons/export/player/InaEdu00068/512×384

Deux autres vidéos de l’INA couvrant la semaine des barricades
https://fresques.ina.fr/jalons/export/player/InaEdu00073/512×384
https://fresques.ina.fr/jalons/export/player/InaEdu00074/512×384

Enfin une courte vidéo sur les attentats de l’OAS et la manifestation de Charonne
https://fresques.ina.fr/jalons/export/player/InaEdu00081/512×384

De nombreuses autres vidéos sur le site de l’INA classées par ordre chronologique.

 

  • Compléter le cours de façon ludique

CAMUS Albert, Le premier homme, Gallimard , 1994 (inachevé)

KHADRA Yasmina, Ce que le jour doit à la nuit, Paris, éd. Julliard,‎ 2008

STORA Benjamin, Les clés retrouvées – Une enfance juive à Constantine. Editions Stock, 2015.

La Bataille d’Alger (1965). Film de Gillo Pontecorvo, Italie/Algérie, 1h58

Avoir 20 ans dans les Aurès (1972). Film de René Vautier, France, 1h40

R.A.S. (1972). Film d’Yves Boisset, France, 1h53

L’Ennemi intime (2007) Film de Florent-Emilio Siri, France, 2007, 1h48

 

  • Approfondir la question par des contenus scientifiques accessibles

La Guerre sans nom (1992). Documentaire de Bertrand Tavernier, France, 3h55

Algérie, la déchirure(2012). Documentaire de Gabriel Le Bomin et Benjamin Stora, France, 2012 (110 min)  A visionner directement sur le site de Benjamin Stora

SLAMA Alain-Gérard, La guerre d’Algérie, histoire d’une déchirure, Découvertes Gallimard, n° 301, 1996

STORA Benjamin, Histoire de l’Algérie coloniale (1830-1954), Collection Repères, La Découverte, 2004