Nicolaus Germanus, « carte du monde », in Géographie de Ptolémée (v. 90-v. 168), Ulm, 1482
Carte extraite d’un ouvrage de Nicolaus Germanus, Géographie de Ptolémée. La renaissance est en effet le moment où l’on redécouvre la géographique Antique. (auparavant, carte T dans l’O)
En 1397, la Géographie de Ptolémée est apportée à Venise par le Byzantin Manuel Chrysoloras, puis traduite du grec au latin à Florence en 1406.
Absence de certains continents (rappel de 1492), contours très approximatifs (sauf bassin méditerranéen), Europe septentrionale, Afrique et Asie mal connus.
Les océans sont fermés ; pas de passage au Sud de l’Afrique pour l’océan Indien => peu d’échanges Européens se connaissent ; connaissent le Monde musulman (représentation convenable de l’Arabie et de l’Afrique du Nord) ; ont entendu parler de la Chine
Planisphère de Waldseemüller, 1507 – Imprimé sur douze planches, (2,32 mètres de long)
Découverte fortuite de l’Amérique – un nouveau continent par Christophe Colomb 1492
En 1506 Christophe Colomb meurt sans qu’il eut idée de l’existence ou de l’étendue du continent américain. Amerigo Vespucci, émissaire de Colomb, effectue quatre voyage sur ces terres entre 1497 et 1504. Il est le premier à affirmer avoir découvert un nouveau monde qui n’est pas les Indes => le cartographe Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann, utilisent le nom d’America.
Pour autant on remarque que le continent est fortement atrophiée, les expéditions dans les terres n’en sont en effet qu’à leur début.
Atlas Miller (début XVIè)
L’Atlas Miller montre pour la première fois les hommes rencontrés par les Européens. En donnant une large place à l’océan (dans lequel flottent de nombreux drapeaux portugais), l’atlas place les océans comme le lieu principal d’échange et de circulation des hommes entre différentes parties du monde mais aussi comme une route de conquêtes.
Autres cartes
La cartographie mondiale du XII au XVIIème s. montre d’une part que le monde s’organise déjà autour de vastes territoires plus ou moins unifiés qui se représentent comme tel :
– Monde musulman (centré sur la Méditerranée puis Empire ottoman à partir du XIIIème siècle
– Chine des Nan Song puis des Ming (XIV-XVIIè) et des Mandchou (0 partir de 1644)
– Empire Incas et Aztèque au Pérou et au Mexique.
D’autre part l’évolution entre les premières cartes et les secondes montrent les échanges qui ont pu avoir lieu entre les européens et les autres civilisations. Ainsi la cartographie arabe se tient-elle au courant des dernières découvertes alors même que les Turcs ne font que peu de voyages et se concentrent plus sur l’océan indien pour parachever leur conquête du monde.
La carte chinoise montre de même les échanges entre européens et chinois. c.f. Marco Polo XIIIème s qui restera de nombreuses années à la cour de Kubilai Kahn, l’empereur mongol, petit-fils de Gengis Kahn) ou Matteo Ricci, un des premiers jésuites à pénétrer en Chine, auteur de la carte, et qui est sans doute l’un des passeurs les plus importants en terme d’échange entre l’orient et l’occident.
Au milieu du XVe siècle, les connaissances géographiques sont limitées et n’ont pas beaucoup évolué depuis l’Antiquité : à cette époque, l’ouvrage de référence est la Géographie de Ptolémée (IIe siècle de notre ère). Les Européens ont donc peu de contacts avec les autres civilisations : ils se battent et commercent avec les musulmans et savent qu’existent, des Indiens et des Chinois.
A partir de la fin du XVème siècle cependant, les Européens (et en particuliers les Espagnols et les Portugais) explorent le monde grâce à de grands voyages maritimes et rentrent progressivement en contact avec des terres et des peuples qui leurs étaient jusque-là inconnus.
Les Européens commencent alors, à leur profit, l’exploitation des peuples et des terres ainsi découvertes, entraînant un véritable bouleversement mondial pour l’Europe, il se traduit par un essor économique et scientifique sans précédent.
L’océan devient le lieu des circulations des hommes et des échanges de marchandises, le processus de la la première mondialisation est enclenché.
Problématique : En quoi les échanges et les circulations des hommes entre les différents « Mondes » anciens transforment-ils les rapports entre ces mondes au profit de l’Europe ?
I – La Méditerranée, lieu de conflits et d’échanges entre des mondes connus
A°) Constantinople – Istanbul un lieu de contact entre les différentes civilisations
Constantinople se situe au coeur de l’empire byzantin, à la limite des continents asiatiques et européens, entre la chrétienté occidentale et le monde musulman. C’est un port stratégique situé sur la route des Indes et qui détient donc une place centrale dans le Grand Commerce du Moyen-Âge.
Constantinople est au carrefour de plusieurs grandes civilisations et de cultures importantes. Au début du XVème siècle, les Romains envoient ainsi leurs enfants étudier le Grec dans la capitale byzantine. Pour les chrétiens et surtout pour les orthodoxes, la ville sainte est un lieu de pèlerinage important sur la route menant à Jérusalem.
En 1453 alors que Mehmet II devient Sultan, il décide pour affirmer son pouvoir de prendre la ville de Constantinople. Après un siège de plusieurs semaines, mieux armé et mieux préparé que la ville byzantine mal défendue, les Turcs s’emparent de la ville le 14 mai 1453. Après 3 jours de pillage, le Sultan s’installe dans la ville et fait d’Istanbul la capitale de l’Empire Ottoman.
Mehmet II cherche à renforcer le rôle économique d’Istanbul en protégeant les magasins, les commerces et les navires des Italiens installés à Galata. Le sultan accorde aux Juifs et aux Européens le droit de rester dans la ville afin de favoriser l’échange entre les populations et de profiter du savoir et de l’expertise de ces populations.
Cependant il va rééquilibrer la répartition de la population par l’afflux massif de population musulmane dans la ville. Les transformations de la ville consistent par ailleurs en la construction de Mosquées puisque Mehmet a conservé les églises sauf Saint Sophie qui sera transformée en grande Mosquée. Un Grand Bazar, lieu de commerce incontournable du monde musulman est installé.
Les aménagements réalisés par Mehmet conservent le passé en ajoutant une nouvelle « couche » à la ville. Byzance – Constantinople – Istanbul est un ainsi dès le XVème siècle, une ville historique importante, une ville d’échanges culturels et de cohabitation religieuse unique dans la Méditerranée et dans le Monde. Les savoirs s’échangent et se diffusent (architecture, manufacture, cartographie…)
Soliman le Magnifique règne sur l’empire Ottoman (1495 – 1566) alors que François Ier est roi de France et Charles Quint Empereur Romain germanique et roi d’Espagne. Du combat du Turc et du Français contre Charles Quint naitra une alliance forte qui se concrétise dès 1536 par l’installation d’une ambassade permanente française à Istanbul. Dès lors il ne s’agit plus d’un combat de « la chrétienté contres infidèles » mais d’alliances politiques fondées sur le partenariat commercial et l’échange culturel comme en témoigne le portrait de Soliman peint par le Titien en 1543.
Auger Ghiselin de Busbecq ambassadeur pour le compte du Saint Empire Romain Germanique montre les qualités de l’Empire Ottoman (promotion des personnes par leur valeur et non leur lignée, travail et sobriété, discipliné…) pour mieux souligner les travers des cours européennes où l’intrigue et l’entre soi dominent.
L’empire Ottoman étend son empire jusqu’à Vienne en Autriche où il est arrêté par les forces de Charles Quint. Au sud il prend les côtes de l’Afrique du nord. Là où son armée s’arrête il passe des alliances (France, Venise) pour étendre son influence. Charles Quint et le pape tentent cependant de reformer une ligue chrétienne pour combattre Soliman.
B°) La Méditerranée et le monde
Bataille de Lépante (Tableau de Vasari)
Les Chrétiens ne font que reculer face à leurs assauts dans les Balkans et sur les mers : à Rhodes, Chypre ou même Malte (les chevaliers de Saint Jean y ont souffert un siège terrible). Partout les chrétiens se sont montrés divisés face à ce danger.
C’est pour à la fois ressouder la chrétienté et lutter contre le péril turc que le pape Pie V entreprend de monter une coalition chrétienne : la sainte Ligue. Venise directement menacée par la poussée ottomane, appuie les manœuvres diplomatiques vaticanes. Philippe II d’Espagne (fils de Charles Quint) , champion du catholicisme, soutient mollement cette initiative ; il envoie cependant des navires avec à leur tête le fameux Don Juan d’Autriche, qu’il n’apprécie guère. Les autres cités italiennes fournissent aussi des galères. Une flotte chrétienne est ainsi constituée dans le but de sauver Malte d’une nouvelle attaque.
Ce 7 octobre 1571, les 204 galères chrétiennes (contre 170 ou 180 galères ottomanes) assurèrent la victoire par la puissance de feu de leurs couleuvrines, canons et « mousquets de braise ». Elles affaiblirent la flotte turque avant l’affrontement direct, quand les galères commencèrent à s’encastrer les unes dans les autres pour permettre le déluge de feu grégeois, les arquebusades, la grêle des flèches, puis les combats au corps à corps.Un triomphe chèrement payé : environ 7500 morts chez les chrétiens, 30 000 morts et 8000 prisonniers chez les Turcs, des chiffres tout à fait considérables pour ce temps.
Lépante a un immense retentissement en Europe car elle libère les Occidentaux de la peur des Turcs. La bataille permet aussi au roi d’Espagne de se poser en champion de la Contre-Réforme catholique
Toutefois, au sens propre et figuré, c’est un triple coup d’épée dans l’eau :
1 – Les intérêts privés des nations chrétiennes vont dissoudre rapidement la Sainte Ligue, comme lors de l’expédition de Don Juan à Tunis l’année suivante.
2 – Arrivée trop tard dans l’année, la victoire n’a pas permis de pousser l’avantage des européens sur les côtes. Chypre reste aux Ottomans, qui reconstitueront leurs escadres.
Ruinée par l’effort de guerre et la suspension de son commerce avec l’Orient ottoman, la République se détache de ses alliés et négocie avec les Turcs. À ceux-ci, elle reconnaît la possession de Chypre, qui avait été pourtant son but de guerre, en échange de la reprise de son commerce
3 – Le centre des priorités se déplace durant ce siècle : peu après Lépante, les Espagnols s’intéressent davantage aux Flandres et à l’Atlantique. La Méditerranée perd sa primauté dans les rapports géopolitiques. Lépante devient ainsi le baroud d’honneur des grandes batailles navales dans cette zone.
A la mort de Soliman en 1566 l’Empire ottoman est l’un des empires les plus puissants au monde. Le Législateur comme on le surnomme en Orient n’a pas seulement conquis un Empire, il a réformé en profondeur l’administration et le système judiciaire, renforcé les alliances commerciales avec Venise et la France et ouvert son Empire aux arts occidentaux et orientaux qu’il soutient.
La bataille de Lépante, en 1571 marque un coup d’arrêt à l’expansion ottomane qui maintient cependant ses frontières jusqu’à la fin du XVIIème siècle.
La Méditerranée est depuis l’Antiquité l’espace central des relations, des échanges et des conflits entre puissances. Toutefois au cours du XVIème siècle les regards des Européens se déplacent progressivement vers de nouveaux horizons, vers les océans….
II – Les Européens à la découverte et à la conquête de l’Atlantique
A°) A la « découverte » d’un nouveau monde
Livre p 162-163
1. Quel est l’objectif du voyage de Colomb?
Quelle est la particularité de la route maritime qu’il décide de prendre?
L’objectif évoqué dans ces documents est d’atteindre les Indes, c’est-à-dire les espaces asiatiques dont sont issues les épices dont l’Europe est alors friande. Il s’agit alors de produits de luxe, dont le parcours est complexe. Venues d’Inde ou des Moluques, ces épices sont prises en charges par des marchands musulmans qui les conduisent, par voies de mer puis de terre, dans l’Empire ottoman. De là, ces produits sont ensuite redistribués en Europe par des marchands, essentiellement italiens: Vénitiens, Génois…La route choisie par Colomb a cela de particulier qu’elle doit permettre d’éviter tous ces intermédiaires: plutôt que de passer par l’est, il s’agit d’atteindre l’Asie par l’ouest, en traversant l’océan Atlantique.
2. D’après ces documents, Colomb et ses contemporains ont-‐ils conscience de la découverte d’un nouveau continent? Justifiez votre réponse.
À la fin du XVe siècle, les Européens n’ont pas conscience de l’existence d’un continent entre l’Europe et l’Asie. Leurs connaissances sur le monde sont restreintes. Les textes anciens, comme les écrits de Ptolémée, ou plus récents, comme Le devisement du mondede Marco Polo (1298) ou Le livre des merveilles du monde de Jean de Mandeville écrit au XIVesiècle, n’évoquent rien de tel. C’est pourquoi les documents font référence aux terres découvertes par Colomb comme des espaces asiatiques. C’est Amerigo Vespucci qui, le premier, lors d’une expédition au large du Brésil en 1501, évoquera l’idée d’un continent jusque-là inconnu.
3. D’après ces documents, à qui appartiennent les terres découvertes par Colomb?
Pour Colomb, comme pour tous les navigateurs de cette époque, les terres qu’ils découvrent appartiennent aux monarques qui ont financé leurs expéditions. C’est pourquoi Colomb, bien que Génois, reconnaît l’autorité des rois d’Espagne sur les terres qu’il atteint à partir de 1492.
4. Pourquoi ces nouvelles terres suscitent‐elles un très grand intérêt? Comment se manifeste-t-il? L’intérêt suscité par ces terres se manifeste déjà par la diffusion rapide de la nouvelle de leur découverte et des connaissances rapportées par les navigateurs. En témoignent les gravures et la publication d’ouvrages les concernant.
Autre manifestation, les convoitises que ces terres suscitent.
Le document 5 montre la concurrence qui se manifeste entre Espagne et Portugal pour les Indes – qu’il s’agisse de l’Asie ou de l’Amérique, d’abord confondues.
5. Quels sont les projets de Colomb pour ces territoires?
Les raisons de cet intérêt expliquent les projets que Colomb définit pour ces territoires. L’un des objectifs est la conversion des Indiens. Un autre est la souveraineté des rois d’Espagne sur ces terres, considérées comme la propriété des souverains: leurs habitants sont donc, par conséquence, au service des souverains. Enfin, il s’agit pour Colomb d’exploiter ces nouveaux territoires, d’abord en recherchant de l’or, puis en colonisant. Colomb définit ce dernier point avec précision dans le document3, en évoquant le coton et le poivre, référence aux épices qui ont motivé sont départ vers l’ouest
Les européens voyagent de plus en plus loin tout d’abord grâce aux progrès techniques : nouveaux bâtiments de navigation (la caravelle), instruments de navigation (tels que l’astrolabe) ou cartographie de plus en plus précise (les portulans grecs notamment)
S’il s’agit d’abord – pour les découvreurs (Colomb 1492, Vasco de Gama 1497, Magellan 1520) d’explorer une «Terra incognita », la motivation des souverains européens est avant tout commerciale. L’Europe cherche en effet à contourner les intermédiaires méditerranéens afin de se fournir en produits venus d’Extrême-orient : soieries, épices, cannelles, poivre etc…
Très rapidement des motivations religieuses s’additionnent aux premières, il s’agit alors de convertir les peuples au catholicisme et de lutte contre les « infidèles musulmans ». C’est dans ce cadre que naît l’idée de conquête de ces « nouveaux territoires ». Dès juin 1494 en effet, l’Espagne et le Portugal fixent ainsi une ligne délimitant leurs deux empires par le traité de Tordesillas (en Espagne). Le texte est confirmé par la papauté en 1506
B°) La confrontation avec le nouveau monde : l’Empire Inca
L’empire Inca est du XVe au XVIe siècle, le plus vaste empire de l’Amérique précolombienne .A son apogée, son territoire s’étend, sur près de 4 000 km de long, depuis l’actuelle Colombie, au nord, jusqu’à l’actuel Chili, au sud.
Francisco Pizzaro monte plusieurs expéditions à partie de Panama pour explorer la cote est de l’Amérique du sud. En 1531 il obtient le soutien financier de Charles Quint et parvient au Pérou en 1532.
Les premiers contacts entre l’empire inca et les conquistadors espagnols menés par Francisco Pizarro et Diego de Almagro ont lieu en 1527 près de Tumbes, sur la côte Nord de l’empire. Mais Pizarro et ses hommes ne restent pas, et ce n’est qu’en 1532, après être retourné en Espagne, que Pizzaro pénètre véritablement sur le territoire inca
Dès 1527, la variole apportée par les colonisateurs fait de nombreuses victimes. L’empire Inca passe de 20 millions d’habitants à 8 millions vers 1550. L’empereur Huayna Capac y succombe et meurt sans avoir choisi de successeur. Ses deux fils se disputent alors la succession – Atahualpa prendra le dessus. Pizarro est assimilé à un personnage mythique et est accueilli sans crainte.
Le 16 novembre 1532, à l’issue de la prise de Cajamarca par les troupes de Pizarro, Atahualpa est capturé par les Espagnols. Les Espagnols prennent le contrôle de tout le territoire. Pizarro propose une rançon : la pièce où est enfermé Atahualpa doit être remplie d’or. Les Incas obéissent mais Pizarro ne tient pas sa promesse et fait exécuter l’empereur déchu le 29 août 1533
Les Espagnols se lancent alors à la conquête de tout le territoire, soutenus par les peuples rebelles. Arrivés à Cuzco le 15 novembre 1533, ils pillent la ville et mettent sur le trône le demi-frère de Huascar, Manco Inca. Celui-ci, à la solde des Espagnols, est totalement impuissant face à la dislocation de l’empire inca
En 1535, Pizarro fonda la ville de Lima, la nouvelle capitale du Pérou. Son ancien compagnon d’armes, Almagro, avait reçu des pouvoirs étendus sur le Chili, mais était déçu par la pauvreté de ce pays. Aussi décida-t-il de retourner au Pérou pour s’y faire remettre le pouvoir. La lutte pour le pouvoir dans ce pays se termina par la décapitation d’Almagro ordonnée par Pizarro. Cette exécution provoqua la révolte des partisans d’Almagro, qui assassinèrent à leur tour Pizarro en 1541..
Les espagnols s’enrichissent rapidement grâce à l’exploitation des terres péruviennes (en expropriant les indiens réduits en esclavage) mais aussi en exploitant les mines d’or et d’argent en Colombie, Pérou et Bolivie.
En 1550 la population indigène se voit décimée par la variole, la rougeole et les massacres. Les «Indiens» sont également dépossédés de leurs terres et enrôlés de force selon le système de l’encomienda qui accorde à chaque colon un certain nombre d’indigènes corvéables à merci.
L’Église, tout comme Charles Quint, réagit à plusieurs reprises en condamnant les exactions commises à l’encontre des Indiens.
Charles Quint et le pape Jules III décident alors d’organiser la controverse de Valladolid qui s’étalera sur presque une année, d’août 1550 à mai 1551, en présence d’une quinzaine de théologiens. La question est de savoir qui sont les Indiens : des êtres inférieurs ou des hommes comme nous, les Européens ?
Le débat oppose principalement Bartolomé de Las Casas un dominicain défenseur des Indiens et Sepulvida un jésuite confesseur de l’empereur.
III – De l’Océan Indien au Pacifique : résistance et perméabilité du monde asiatique.
A°) La circumnavigation de Fernand de Magellan
Livre p 164 – 165 – Proposer une trace écrite
A la fin du XVè siècle, les Portugais découvrent de nouveaux moyens de se repérer en mer (Astrolabe, Portulan). Grâce à cela les navigateurs peuvent voyager de plus en plus loin. Fernand de Magellan, navigateur Portugais de renom, est missionné par Charles Quint pour rejoindre les Moluques par l’ouest et ainsi les donner à la cour d’Espagne (selon le traité de Tordesillas).
Le voyage commence le 20 sep 1519 ; après une première escale au Brésil l’équipage découvre un nouveau détroit qu’ils nommèrent d’abord Patagons (il deviendra plus tard le détroit de Magellan). Le voyage dure 3 ans, Magellan meurt aux Moluques en 1521, seul un bateau composé de 18 hommes reviendra à Séville.
Le voyage de Magellan en plus d’être le premier tour du monde, a permis la découverte d’un nouveau passage maritime, de la côte sud de l’Amérique et d’une nouvelle route des épices accessible aux Espagnols.
B°) Pékin cité interdite?
En 1517, les Portugais envoient depuis leur comptoir de Malacca
une ambassade auprès de l’empereur de Chine.
«Il arriva tout à coup deux grands navires de mer qui se rendirent directement à la station de poste de la ville de Canton, disant qu’ils avaient apporté le tribut du pays de Fo-lang-ki [pays des Francs]. […] Tous les gens à bord avaient des nez proéminents et des yeux profondément enfoncés, portant des turbans de linge blanc autour de leurs têtes, suivant la coutume des mahométans.
La nouvelle en fut portée immédiatement au vice-roi […] qui donna des ordres, comme ces gens ne connaissaient rien de l’étiquette, pour qu’ils fussent instruits pendant trois jours des cérémonies convenables dans le Koang Hiao Seu [la mosquée]; après quoi, ils furent introduits. […]
On trouva que le Ta Ming Hoei Tien [recueil des lois de la dynastie Ming] ne contenait aucune mention de tribut reçu de la nation en question. […] En conséquence de la conduite irrespectueuse de
la part [des étrangers], l’interprète [Tomé Pires] fut condamné à la peine capitale et ses hommes furent renvoyés prisonniers à Canton et expulsés hors des frontières de la province. »Kou Ying Xiang, Rapport officiel auprès de l’empereur de Chine, 1517.
La conquête de Malacca en 1511 constitue un tournant dans l’aventure portugaise en ouvrant la route des épices de l’Asie du Sud-Est et surtout celle des richesses de la Chine et du Japon. Pires va alors être envoyé comme diplomate en Chine. La Chine connaît déjà bien le monde mais elle reste fermée aux Européens. Ainsi, les tentatives des Européens pour faire de la Chine un allié soumis constituèrent des échecs cuisants.
Zeng He navigateur eunuque musulman a été à la tête de grandes expéditions maritimes à partir de 1403, ayant pour but principal les échanges commerciaux et culturels.
A partir de 1433 pour des raisons de sécurité intérieure de choix financiers et politique, la Chine stoppe ces expéditions.
La Cité Interdite s’ouvre cependant parfois aux Européens pour des échanges culturels fructueux.
Ainsi le jésuite italien Matteo Ricci suscite une curiosité scientifique telle qu’il est finalement reçu à la Cité Interdite en 1601. Des échanges culturels réciproques entre civilisation européenne et chinoise en résultent même si la Chine garde toujours ses distances face à des Européens à la conquête du monde