TH5 – Les États-Unis et le monde depuis les « 14 points » du Président Wilson (1918)

Le 2 décembre 1823, le président des Etats-Unis James Monroe (1817-1825) déclarait : « Aux Européens, le vieux continent, aux Américains le Nouveau Monde ». Les Etats-Unis sont indépendants depuis moins de cinquante ans (4 juillet 1776) et ils se placent déjà en défenseur des mouvements indépendantistes d’Amérique du sud contre les puissances colonisatrices européennes. Ce faisant, les Etats-Unis affirment d’une part la volonté de ne pas intervenir dans les affaires européennes ou internationales (politique qui sera confirmée jusqu’en 1917) et d’autre part ils affirment leur suprématie sur le continent américain.
En effet, dès leur arrivée sur le sol des États-Unis au XVIIème siècle, les puritains (protestants calvinistes d’origine anglaise) avaient proclamé leur volonté de puissance, inspirée par la foi qui les portait. Deux siècles plus tard cette idée de mission civilisatrice sera illustré par la création du concept de « Destinée Manifeste » (1845) visant à étendre le modèle de développement des Etats-Unis basé sur la démocratie libérale et la foi chrétienne. Si le premier territoire à conquérir est l’ouest américain, cette mission va bientôt s’étendre sur le continent.
Problématique : Quelles sont les ruptures et les continuités dans la politique d’affirmation de la puissance étasunienne dans le monde depuis 1918?

I – Des idéaux forts, un engagement limité (1918-1945)

A°) La New Diplomacy et le pacifisme de Wilson contrecarrés (1918 – 1920)

=> Le 8 janvier 1918, le président américain Woodrow Wilson expose devant le congrès sa vision d’un nouvel ordre mondial. Les trois axes des « 14 points » Wilson :

  • Assurer une transparence et un échange libre entre les nations (droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la liberté commerciale, la fin de la diplomatie secrète)
  • Règlement du conflits (Proposition visant à rétablir les frontières et à assurer l’indépendance des peuples)
  • Création d’une « association internationale des nations » chargée d’arbitrer les conflits

=>Rupture avec la doctrine Monroe, énoncée (1823) selon laquelle les États-Unis ne doivent pas s’immiscer dans les affaires européennes.Dans le cadre de la conférence de Paris, le 14 février 1919, Wilson développe l’un des points les plus importants pour lui, la fondation de ce qu’il appelle « le gouvernement du monde », c’est-à-dire la Société des Nations (SDN). Toutefois, à l’issue du conflit, les États-Unis n’ont pas l’influence diplomatique suffisante pour amener les Européens à accepter une « paix juste ». L’Allemagne se voit imposer en 1919 le Traité de Versailles, jugé trop dur par Wilson.

=> Aux États-Unis, la politique de Wilson est vivement critiquée par les Républicains et rencontre peu d’échos dans l’opinion publique.
En 1920, le Sénat américain refuse d’entériner le Traité de Versailles et donc d’adhérer à la SDN. -> Echec personnel de Wilson et des démocrates qui sont battus aux élections présidentielles de 1920. => retour à la doctrine isolationniste, malgré la montée en puissance des Etats-Unis pendant la guerre. Pourtant,cet isolationnisme n’est pas total.

B°) Un isolationnisme relatif (1920 – 1941)

=> Politique isolationiste (1920 – 1932) : Harding, Coolidge et Hoover = républicains – slogan de Harding : « America First« . + mouvement pacifiste qui émerge dans le pays au lendemain de la guerre + résurgence du nativisme qui prétend défendre les valeurs américaines menacées par l’immigration.

=> Mais nationalisme étasunien qui implique la défense des intérêts du pays  : les États-Unis mettent en place des mesures protectionnistes et dans le domaine de l’immigration, ils imposent des quotas afin de protéger les emplois des Américains menacés selon eux par les migrants européens
-> Amérique latine : intérêts économiques.  (Ex : United Fruit,contrôle dans les années 1920,  90% du commerce de la banane en Amérique).
-> Europe : éviter la reprise de conflits qui pourraient gêner leurs intérêts commerciaux (Ex : aide à la République de Weimar pour payer les colossales réparations de guerre qu’elle « doit » à la France et au Royaume-Uni), et donc de permettre à ces Etats de rembourser les prêts accordés pendant la guerre par les Etats-Unis et à leurs populations d’acheter des biens de consommation américaine. => « diplomatie du dollar », imposants à leurs débiteurs français et britanniques l’allègement des réparations imposées à l’Allemagne – plan Dawes en 1924.

Le pacte Briand-Kellogg, ou pacte de Paris (1928), est un traité signé par soixante-trois pays qui « condamnent le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renoncent en tant qu’instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles »

=> Etats-Unis possèdent une croissance économique forte et développent des investissements à travers toute la planète. L’influence américaine en Europe s’exprime également par la diffusion d’un premier « modèle américain » fondé sur l’image d’une société de consommation et d’un pays moderne et novateur.

Cette image est cependant ternie par la crise des années 1930, qui se diffuse en Europe et dans le monde. Et face à la montée des totalitarismes, le Congrès américain vote trois lois de neutralité (Neutrality Acts), entre 1935 et 1937, interdisant au pays de vendre des armes – ou des matières premières pouvant servir à l’industrie d’armement – et de consentir des prêts à d’éventuels États belligérants.

C°) Le tournant de la Seconde Guerre mondiale (1941 – 1945)

Bien qu’il adopte la même politique au départ, le Président démocrate Franklin D. Roosevelt (1933 – 1945)  met en garde les Américains contre la menace que fait peser l’Axe sur la paix et la stabilité et ce dès l’invasion de la Chine par le Japon en 1937.

=> L’expansionnisme japonais menace les intérêts américains dans le Pacifique et l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie menacent la stabilité mondiale. Mais opinion publique isolationniste dans son écrasante majorité – 95% des Américains s’affirment isolationnistes d’après un sondage de 1937. Les convictions de Roosevelt sont pourtant confortées par son hostilité aux régime totalitaires ou dictatoriaux.

La défaite de la France en 1940 surprend l’opinion américaine et Roosevelt peut se permettre d’affirmer après sa réélection de novembre 1940 que les Etats-Unis doivent être « l’arsenal des démocraties ».

Le 11 mars 1941, une nouvelle étape est franchie avec l’adoption de la loi dite « Lend Lease » ou « prêt-bail » qui autorise les États-Unis à prêter de l’armement à tout pays dont la défense est nécessaire à la sécurité des États-Unis. => EU fournissent des armes au Royaume-Uni, resté seul en guerre contre l’Axe en Europe, puis à l’URSS, après l’offensive allemande de juin 1941. Le 12 août de la même année, Roosevelt signe avec Winston Churchill la Charte de l’Atlantique qui condamne les forces de l’Axe et réaffirme les principaux principes énoncés par Wilson en 1918.

Le 7 décembre 1941 l’attaque japonaise contre la base américaine de Pearl Harbor entraîne l’entrée en guerre des États-Unis qui mettent en place une gigantesque industrie de guerre. Le Victory Program adopté en janvier 1942 et l’engagement militaire américain en Asie, puis en Afrique du Nord et en Europe, expliquent en grande partie le recul puis la défaites des forces de l’Axe. Les États-Unis montrent ainsi leur supériorité dans les domaines financier, industriel et technologique.

Pour convaincre la population américaine de participer à la guerre (y compris financièrement) le gouvernemnt diffuse et commande des instrauments de propagande. D’abord tournés contre les japonnais, puis contre les allemands.

Roosevelt développe une puissance diplomatique assumée : en rencontrant plusieurs fois Staline et Churchill (par exemple à Yalta du 4 au 11 février 1945), en jetant les bases avec d’une nouvelle organisation internationale prompte à remplacer la SDN, dans laquelle la place centrale des Etats-Unis est définitivement actée par son successeur Truman lors de la signature de la Charte de San Francisco le 26 juin 1945 (création de l’ONU), il permet à son pays d’atteindre le rang politique équivalent à sa puissance économique.
Tout comme son allié soviétique, les Etats-Unis deviennent donc, par la Seconde Guerre mondiale, une superpuissance rayonnant sur le Nouvel Ordre mondial de 1945.

Harry Truman, Hiroshima et Nagasaki en 1945= volonté des États-Unis de montrer leur puissance au monde entier, et notamment à l’URSS.

II Les Etats-Unis, chefs de file du  » monde libre  » (1945-1991)

A°) Un modèle économique, politique et culturel assumé (1945 – 1960)

En 1945, les États-Unis détiennent 65% du stock d’or mondial et représentent plus de la moitié de la production industrielle de la planète. La guerre a permis d’accroitre leur puissance économique (le PIB double). Les institutions nées de la conférence de Bretton Woods en juillet 1944, le FMI et la Banque mondiale, leur permettent de dominer un nouvel ordre économique et financier fondé sur le dollar. Les accords du GATT, signés en 1947, favorisent l’essor du libre-échange et bénéficient au premier chef aux multinationales américaines.

https://www.ina.fr/video/CAF97027307/reforme-du-systeme-monetaire-international-video.html

Sur le plan diplomatique, la guerre a également marqué un tournant : les États-Unis assument leur puissance en impulsant un nouvel ordre politique international. L’ONU est fondée, et l’année suivante, son siège est installé à New York. Cependant, le « rêve » d’un nouvel ordre mondial pacifié est vite contrarié par les tensions entre les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale.

  • Discours au Congrès du 12 mars 1947 : doctrine Truman (contenir, endiguer la poussée communiste sans affrontement = containment.)

Les Etats-Unis s’affirment à travers celle-ci comme un modèle politique, celui de la démocratie libérale, dont l’objectif est le triomphe des valeurs dont ils se veulent porteurs : démocratie, liberté, capitalisme. début de la guerre froide et de la bipolarisation planétaire.

=> plan Marshall (5 juin 1947) d’aide à la reconstruction de l’Europe. (arme économique et politique, car la reconstruction de l’Europe doit permettre d’intégrer celle-ci dans la sphère d’influence étasunienne)
=> Interventions à l’étranger grâce au complexe militaro-industriel et à intégrer un nombre croissant d’Etats dans des systèmes alliances militaires : OTAN à la suite de la crise de Berlin (1948-1949). En Asie, ils interviennent militairement au cours de la guerre de Corée (1950-1953). Les Américains doivent tenir compte du fait que les Soviétiques et les Chinois possèdent à présent l’arme atomique. Partout dans le monde, les États-Unis concluent des alliances défensives avec leurs alliés – OTASE, ANZUS, Pacte de Bagdad et Pacte de Rio. C’est la « pactomanie ».

Puissances économique et politico-militaire sont les deux vecteurs essentiels de ce que l’on appelle le Hard power. Hard power= capacité d’un Etat à s’imposer dans les relations internationales par la force brute

  • Rapport Jdanov, septembre 1947

Répondant à la doctrine Truman qui prône l’endiguement du communisme, Jdanov présente son rapport.
L’impérialisme de ce dernier y est dénoncé avec virulence et Jdanov définit les nouvelles lignes idéologiques des Soviétiques.

Les mesures qui suivent sont notamment le durcissement du contrôle des PC occidentaux via le Kominform. (organisation qui centralise la liaison entre les partis communistes européens les PC chinois et vietnamiens ne sont pas invités).
=> 25 février 1948 « coup de Prague » en Tchécoslovaquie
=> Blocus de Berlin (1948)

Enfin la puissance américaine repose également ce que l’on caractérise plus tard (Joseph Nye au début des années 1990) par le terme de Soft Power. (soft power= capacité d’influence) Le modèle culturel américain s’impose par sa capacité de séduction, d’attraction, qui permet aux Etats-Unis d’atteindre leurs objectifs internationaux. Les Etats-Unis sont un pays porteur de rêve, d’espérance et les limites réelles du modèle n’y changent rien : les Etats-Unis sont souvent vus comme un eldorado contemporain. Leur culture populaire est devenue une culture monde connue et reconnue par le cinéma hollywoodien et la télévision dès les années 1960, diffusant un modèle de vie fantasmé : c’est l’American way of life porteur du rêve américain.
B°) Les inflexions de la diplomatie américaine dans le cadre de la Guerre froide (1960 – 1980)

=> Face au modèle communiste, les États-Unis parviennent à s’imposer par des démonstrations de force ( 1962, Crise de Cuba DIAPO 29) ou par des prouesses techniques dans la course à l’espace (Alunissage le 20 juillet 1969) dans laquelle pourtant les soviétiques avaient semblé prendre une avance jusqu’aux années 1960.  » DIAPO 30
=> Pour autant on assiste à une poussée communiste en Afrique et en Asie (Vietnam, Laos et Cambodge), poussée que les nord-américains ne parviennent pas à contrôler. La guerre du Vietnam (1963 – 1975) dans lequel le pays s’enlise est sans doute l’un des exemples les plus frappants de ces difficultés.
=> Les États-Unis doivent également faire face à des guérillas castristes en Amérique latine, où ils soutiennent des dictatures militaires pour éviter l’arrivée au pouvoir de régimes hostiles dans leur « chasse gardée ».
=> En 1979, les Soviétiques entrent en Afghanistan pour aider le pouvoir pro-soviétique menacé par la guérilla islamiste. Le président américain Jimmy Carter décrète des mesures de représailles contre l’URSS et fournit argent puis armes aux combattants afghans. Mais Carter est affaibli par la prise en otage de l’ambassade américaine à Téhéran, en 1979, et son impuissance face à un régime islamiste qui désigne les États-Unis comme son ennemi.

=> Par ailleurs le modèle de l’American way of life ne dissimule pas les problèmes de la société américaine : la pauvreté concerne des dizaines de millions d’américains, en particulier la minorité noire et les nouveaux arrivants d’origine hispaniques. La ségrégation entre les Blancs et les Noirs entraîne le développement de mouvements de protestation pacifiques (marche pour les droits civiques d’Aout 1963 – le pasteur Martin Luther King assassiné en 1968) ou plus radicaux, dans les années 1960 (les « Black Panthers », et le leader noir Malcolm X).

Une partie de la jeunesse américaine et européenne conteste la guerre menée par les États-Unis au Vietnam. Enfin, certains jeunes refusent le mode de vie américain et se retrouvent dan s un mode de vie marginal et contestataire, comme le mouvement « hippy ». Au début des années 1970, le scandale du Watergate contraint le Président Nixon à la démission. La crise sociale se double alors d’une crise politique, qui remet en cause le leadership mondial des États-Unis.

En 1971 pour la première fois, les Etats-Unis connaissent un déficit commercial qui a provoqué une vague de fuite devant le dollar. Face à cette situation critique, le président Nixon, annonce la fin de la convertibilité en dollar, l’imposition d’une taxe sur les importations et le blocage des prix et des salaires. Après la fin des accords de bretton Woods, l’image des États-Unis est écornée par la crise économique mondiale de 1973 qui marque la fin du « modèle fordiste » aux États-Unis comme en Europe. L’Amérique est de moins en moins perçue comme un Eldorado et le modèle libéral qu’elle incarne est dénoncé par ses détracteurs comme responsable des désordres économiques et financiers mondiaux. De la fin des années 1970 au début des années 1980, les analyses se multiplient sur le « déclin américain ».

 

C°) Le redressement de la puissance étasunienne sous Reagan (1980 – 1991)

Les années 1980 marquent le retour en force du modèle américain. Les deux présidences de Ronald Reagan (1981-1988) marquent le retour d’une politique offensive («America is back»), qui fait de la lutte contre «l’Empire du mal»la priorité absolue. Les Etats-Unis accroissent leurs dépenses militaires (5% PNB), répondent systématiquement aux actions soviétiques et, avec l’Initiative de Défense Stratégique ou Starwars, relancent la course aux armements dans un domaine où ils savent que l’URSS n’a pas les moyens financiers (12 à 15% du PNB) et technologiques de les suivre.


Partie à noter ou à copier

Sur le plan économique, le président Reagan (1981-1988) rejette les politiques keynésiennes en faveur d’une politique très libérale. Le chômage diminue et certains pays européens calquent leur politique sur celle des États-Unis (Margaret Thatcher, en Grande-Bretagne).
Les Soviétiques ne peuvent plus suivre les américains dans cette nouvelle course aux armements. Mikhaïl Gorbatchev, arrivé au pouvoir en 1985 et soucieux de réformer son pays, négocie avec les États-Unis des accords sur le contrôle des armes nucléaires (accords Washington sont signés en 1987). Sous la présidence de Georges Bush, les régimes communistes d’Europe de l’Est s’effondrent (1989) et l’URSS éclate (1991). Les Etats-Unis deviennent la seule superpuissance au monde. Le début des années 1990 semble marquer le triomphe du modèle américain.

III Une hyperpuissance contestée (de 1991 à nos jours)

A. La fin de l’URSS et l’hyperpuissance américaines (1991-2001)

À partir du début des années 1990, les États-Unis n’ont plus de rivaux sur la scène internationale. Dans un ouvrage paru en 2000, le ministre français des affaires étrangères Hubert Védrine affirme que la notion de « superpuissance », « trop exclusivement militaire », ne suffit plus pour désigner leur situation. Il emploie celui  d' »hyperpuissance » pour montrer que « la suprématie américaine d’aujourd’hui s’exprime aussi bien sur l’économie, la monnaie, la technologie, les domaines militaires que sur les modes de vie, la langue et les produits culturels de masse. »

  • Cette supériorité repose sur des dépenses militaires élevées (38,90 des dépenses militaires mondiales, soit environ 682 milliards de $) leur offrant la capacité de garantir la paix et de protéger leurs intérêts par la force, partout dans le monde.
  • Les Etats-Unis sont aussi une puissance économique et financière: dans les années 1990, leur PNB représente à lui seul plus de 20% du PNB mondial, le dollar reste la principale monnaie d’échange internationale (plus de la moitié des échanges commerciaux mondiaux).
  • Les Etats-Unis disposent enfin d’une influence culturelle sans rivale (médias puissants, industries cinématographique et télévisuelle les plus exportées) qui leur permet de diffuser leur modèle partout dans le monde .
    Les huit plus grands médias mondiaux sont américains (Time Warner, Viacom, Comcast, Disney Corp….)
    La chaîne CNN fournit dès les années 90 en temps réel des informations et des images à toute la planète. Les films à gros budget s’imposent dans le monde entier: les 20 plus gros succès commerciaux du cinéma mondial sont américains. Ces médias diffusent donc l’American way of life (société de consommation, grandes surfaces, fast food, achat à crédit, sportswear) qui est copié partout dans le monde.
  • Enfin, les Etats-Unis attirent les élites intellectuelles mondiales par leurs grands musées, leurs universités prestigieuses…

Selon l’historien américain Fukuyama, l’histoire s’achève suite à la chute de l’URSS. La «fin de l’histoire» serait alors le rattachement pacifique de l’humanité à la démocratie libérale.

Le mandat du président George Bush (1989-1992) est principalement marqué par la guerre du Golfe (1990-1991). L’opération « Tempête du désert« , destinée à libérer le Koweït envahi par l’Irak, est la première opération militaire décidée par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU depuis 1950. Le président Bush évoque « un nouvel ordre mondial » et « une période historique de coopération ». Toutefois, la coalition menée par les Américains n’intervient pas lorsque Saddam Hussein massacre les populations kurdes et chiites d’Irak et certains observateurs soulignent que les Alliés sont intervenus principalement pour défendre leurs intérêts stratégiques dans le Golfe.
La politique d’enlargment menée par Bill Clinton (1993-2000) mêle un multilatéralisme affiché à un certain retour à l’isolationnisme.

« Nous ne sommes pas et nous ne pouvons pas être les gendarmes du monde. Mais là où nos intérêts et nos idéaux le demandent, et quand nous aurons la possibilité de marquer notre empreinte, nous agiront et nous assumerons le rôle de leader…Nous sommes décidés, en particulier, à favoriser le flot montant de la démocratie et du libre marché sur tous les continent » –
Bill Clinton, entretien avec la revue Limes en 1997

Les Etats-Unis interviennent dans diffférentes parties du monde : en Somalie (1992-1993) en Bosnie (1995) et au Kosovo (1999). Les États-Unis facilitent également le processus de paix entre Israël et les Palestiniens. Leur rapprochement avec la Chine et leurs efforts conduisant à la création de l’Organisation mondiale du commerce (1995) s’expliquent par la volonté de l’administration Clinton de pacifier le monde en intégrant le plus grand nombre d’États dans le libre-échange. Toutefois, le Sénat républicain revient à un certain isolationnisme lors qu’il refuse de ratifier le traité sur l’interdiction des essais nucléaires (1996) et le traité de Rome instituant une Cour pénale internationale (1998).

Après la fin de la guerre froide, les Etats-Unis veulent confirmer leur victoire en diffusant leur modèle partout dans le monde, en s’appuyant sur les Nations Unies.Mais, touchés sur leur territoire par les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis changent de politique internationale.

B. Les conséquences du 11 septembre

L’entourage de George W. Bush (2001-2009) est influencé par le néoconservatisme selon lequel les États-Unis doivent utiliser leur puissance pour promouvoir la démocratie et « remodeler » le monde, y compris par la force. A la suite des attentats du 11 septembre, le Président Bush réoriente la politique étrangère américaine. Il désigne certains Etats « ennemis », la Corée du Nord, l’Iran, l’Irak et leurs alliés comme formant « l’axe du mal » (le terme d’ « Etats-voyous » ou « Rogue States » est également employé).

L’intervention en Afghanistan en 2001 est largement soutenue par la communauté internationale.

Mais au début de l’année 2003, Bush annonce son intention de renverser Saddam Hussein, le dictateur irakien, que les États-Unis accusent de soutenir le terrorisme international et de dissimuler des armes de destruction massive. Certains alliés traditionnels des Américains s’opposent à une intervention militaire, la France et l’Allemagne en particulier, mais également plusieurs États d’Amérique latine.
Une coalition menée par les Américains envahit pourtant l’Irak, sans mandat de l’ONU.

Discours de Dominique de Villepin à l’ONU et réponse de Colin Powell :

http://www.ina.fr/video/2227372001005

Cette opération entraîne un retour à l’unilatéralisme américain et met fin à l’espoir d’un « nouvel ordre mondial » fondé sur le multilatéralisme souhaité par le président George
Bush au début des années 1990. La guerre d’Irak divise la communauté internationale et la politique étrangère des États-Unis suscite de vives critiques notamment en terme d’efficacité (augmentation du terrorisme après les interventions).

L’image de l’Amérique est également ternie par le sort des prisonniers internés à Guantanamo. L’antiaméricanisme croissant, les difficultés rencontrées en Irak et en Afghanistan et l’essor de courants anti-interventionnistes aux États-Unis contraignent l’administration Bush à infléchir sa politique vers plus de multilatéralisme, à partir de 2006.

C. Barack Hussein Obama : le multilatéralisme souple

Élu en 2008, Barack Obama souhaite changer l’image de l’Amérique dans le monde.
Opposé à la guerre en Irak, il annonce le désengagement progressif des troupes américaines et s’affirme partisan du multilatéralisme. Dans son discours prononcé au Caire en 2009, intitulé « A new beginning », il annonce vouloir dialoguer avec les « islamistes modérés » et se montre critique à l’égard d’Israël à propos de
la question palestinienne comme à l’égard de la Russie vis à vis de son soutien au régime de Bachar el-Assad (Syrie).

Pour certains spécialistes, il ne s’agit pas véritablement d’un tournant dans la politique
étrangère américaine, mais de la mise en œuvre d’une politique plus pragmatique dont
l’objectif serait de restaurer l’image des États-Unis dans le monde et de rassurer une
opinion américaine majoritairement favorable à un désengagement militaire. Obama tente ainsi de convaincre les alliés traditionnels des États-Unis de s’impliquer davantage dans l’OTAN et laisse les Français et les Britanniques mener les frappes contre l’armée libyenne en 2011. En tous cas au terme du mandat de Barack Obama, les Etats-Unis bénéficiaient d’une meilleur image, entretenant des rapports diplomatiques avec de nombreuses nations mais sans qu’aucun engagement international fort ait été décidé.

L’arrivée de Donal Trump à la maison Blanche rend alétoire toute prédiction en terme de politique étrangère notamment en raison des tweets parfois injurieux à l’égard des autres nations du président étasunien mais aussi en raison de son impredictibilité. Malgré un soutien affiché à la Russie de Vladimir Poutine, et sans avoir consulté le congrès, Donal Trump a lancé une attaque en Syrie (à la suite de l’attaque au Gaz Sarin d’un village par le gouvernemtn syrien).