Depuis Louis XIV (1643-1715) l’autorité royale s’est renforcée dans le royaume, le roi de France est un monarque de droit divin qui détient tous les pouvoirs : on parle alors d’absolutisme royal. Le roi de France exerce ainsi dans son royaume un pouvoir absolu sur ses sujets. En théorie le roi peut donc gouverner son royaume selon son bon vouloir mais, dans les faits, le roi ne peut pas gouverner sans l’appui de la noblesse qui exerce une grande influence dans les provinces du royaume, ni sans l’appui du clergé qui joue un rôle essentiel dans la société.
Constituée de trois ordres, la société d’Ancien régime est inégalitaire, les ordres privilégiés (clergé, noblesse) représentent 2% de la population mais cumulent toutes les richesses et privilèges. dont celui de ne pas payer l’impôt royal, la taille. Le Tiers État (Bourgeoisie, paysans) paye ainsi l’essentiel des impôts du royaume ainsi que des impôts aux ordres privilégiés.
A la veille de la Révolution française le royaume de France est en crise. L’Etat est surendetté et de mauvaises récoltes en 1787 et 1788 entraînent une grave crise économique : les paysans et le petit peuple des villes s’appauvrissent ce qui leur rend les impôts intolérables. Des révoltes éclatent alors dans toute la France. Par ailleurs, depuis le siècle précédent, la philosophie des Lumières se diffuse dans toute l’Europe. Pour Montesquieu, Voltaire, Rousseau ou Diderot la liberté est un droit naturel et l’affirmation de cette liberté remet en cause l’ordre établi et notamment le pouvoir divin du Monarque.
Ainsi, en 1789 les difficultés financières de la monarchie française conjuguées à une crise économique et à une opinion publique sensible aux idées des Lumières et à la révolution américaine créée un terrain propice à des bouleversements majeurs en France.
Problématique : Quels enjeux et quels acteurs expliquent les évolutions politiques entre 1789 et 1804 et dans quelle mesure la révolution est-elle une rupture dans tous les domaines ?
I – Un esprit révolutionnaire : la montée des idées de liberté et la contestation de l’ordre ancien
A°) Des mouvements réciproques
Les idées de liberté, d’égalité, de pouvoir partagé, s’expriment en même temps dans différents pays de chaque côté de l’Atlantique, en Amérique du nord dès 1776 (Déclaration d’indépendance américaine), aux Pays-Bas à partir de 1781 et depuis les lumières au XVIIème siècle en France mais sur le terrain politique à partir de 1789.
S’il existe un lien entre les différents mouvements, ceux-ci sont aussi étroitement dépendants du contexte national : volonté d’une colonie de s’émanciper de la tutelle de la métropole, organisation particulière du pouvoir dans les Pays-Bas, critique de la société d’ordres en France.
La Révolution française de 1789 est donc à replacer dans un cycle de contestations, de révoltes et de révolutions qui secoue l’Europe et l’Amérique du Nord et du Sud dans la seconde moitié du XVIIIème siècle s. et au début du XIXème siècle
Les influences intellectuelles des moments révolutionnaires sont multiples : christianisme, auteurs antiques, la révolution anglaise du XVIIème siècle mais aussi le mouvement européen des Lumières
Outre que l’appui de la France à la révolution américaine creuse le déficit du Royaume, il existe une forte influence américaine sur les mouvements européens des années 1780 : Benjamin Franklin, Thomas Jefferson (ambassadeur, 1785-1789) séjournent longuement en France. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) d’août 1789 est ainsi largement inspirée de la Déclaration d’indépendance américaine de1776.
B°) La crise politique et sociale de l’Ancien Régime français : les États généraux de 1789
La convocation
Courant janvier 1789 un règlement royal est adressé par le pouvoir aux agents du roi afin d’organiser les élections des députés aux Etats-Généraux.
« (…) Sa Majesté (…) s’est déterminée à rassembler autour de sa demeure les Etats Généraux du royaume non pour gêner en aucune manière leurs délibérations, mais pour leur conserver le caractère le plus cher à son coeur, celui de conseil et d’ami.(…) Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour nous aider à surmonter toutes les difficultés où nous nous trouvons relativement à l’état de nos finances (…) »
Chaque ordre a voté à part pour élire ses représentants lors d’assemblées de paroisses.
-> La plupart des représentants élus de la noblesse est issue de la petite noblesse (200 députés) alors que la haute noblesse sera en minorité (70 députés dont le Duc d’Orléans).
-> Le corps électoral du clergé s’est vu grossi de la totalité des curés issus du Tiers-Etat, ce sont eux qui rendront les assemblées du clergé si houleuses de par leur opposition avec les prélats du haut clergé. Ces assemblées verront l’élection de 200 curés et de 91 prélats.
-> La députation du Tiers-Etat sera composée de 578 représentants dont environ 200 hommes de loi, une centaine de négociants, banquiers et industriels, le reste étant composé de riches ruraux parmi lesquels une cinquantaine de grands propriétaires fonciers. Pas un seul paysan pauvre ni artisan n’est représenté dans cette députation.
Les cahiers de doléances
Parallèlement à ces élections, de grands efforts de concertation et de rédaction sont accomplis dans tout le royaume pour apporter une réponse au roi sur les dysfonctionnements de son royaume et les doléances de ses sujets.
Dès janvier, dans toutes les paroisses de France, se rédigent les cahiers de paroisses qui, regroupés, mis en forme et résumés lors des assemblées de bailliage deviendront les cahiers de doléances avec lesquels les députés élus monteront à Versailles.
Plus de 60 000 de ces cahiers rédigés par des curés, des notaires, des avocats, des membres de corporations ont ainsi été constitués dans toute la France. Des cahiers parvenus jusqu’à notre époque il se dégage un ensemble de points qui semble faire l’unanimité des trois ordres.
- On reste, dans l’ensemble, fidèle au Roi mais on souhaite limiter le pouvoir royal
- On souhaite une constitution garante de la liberté individuelle mais le régime parlementaire est très peu évoqué.
- On veut l’égalité de tous devant l’impôt. Egalité des personnes mais aussi égalité des provinces.
- On demande la suppression des abus de justice et une refonte des institutions judiciaires.
- On demande la suppression de la vénalité des charges
Chaque ordre soulève également un ensemble de points qui lui sont propres.
- Le clergé reproche l’ingérence de Rome dans l’Eglise de France, et un certain nombre de ses membres trouvent à redire sur le Concordat.
- Le bas clergé souhaite également restreindre les pouvoirs de l’épiscopat.
- La principale revendication de la noblesse est la restriction de l’absolutisme royal
- Certains cahiers du Tiers et de la noblesse proposent l’affectation des biens de l’Eglise à des objets ou oeuvres d’utilité publique.
- Les paysans revendiquent le droit de chasse
- Certains demandent la constitution de caisses de secours pour les périodes de disette
Le ton des revendications bourgeoises est donné par la célèbre brochure de l’abbé Sieyès publiée en janvier 1789. Les cahiers du Tiers-Etat regroupent cependant l’essentiel des récriminations qui sont:
- Réforme des impôts
- Suppression des droits féodaux
- Affranchissement des terres
- Suppression de la dîme
- Abolition des immunités
Les députés venus nombreux afin de faire évoluer les institutions monarchiques sont accueillis par la Roi, qui rappelle la nécessité de sauver les finances du royaume.
Cependant avant même le début des débats, les premières tensions apparaissent lorsque les députés du Tiers Etat demandent conformément aux cahiers de doléances le vote par tête (chaque personne vote indépendamment) et non par ordre (un ordre = une voix). Alors que cette exigence est refusée par le Roi, les députés du Tiers Etat fort du fait qu’ils représentent 96% de la nation se proclament Assemblée nationale. Ils sont rejoints par une grande partie du Clergé qui vote son ralliement au tiers Etats et par quelques élus de la Noblesse.
Les positions se cristallisent alors et Bailly, président du groupe du Tiers Etat, refuse de se soumettre aux ordres du Roi qui leur interdit l’entrée dans la salle des débats. Ce 20 juin 1789, les députés décident donc de se réunir dans la salle du jeu de Paume. Emanuel-Joseph Sieyès (dit l’abbé Sieyès) rédige alors le célèbre serment du Jeu de Paume.
Signé par 630 députés, cette déclaration est l’événement fondateur de la démocratie française, le Serment du Jeu de paume est à l’origine de la séparation des pouvoirs et de la souveraineté nationale. En est issue l’Assemblée nationale constituante qui vote, en août 1789, l’abolition de la féodalité et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Le Roi de son coté appelle la garde suisse à Versailles et tente par un ultime discours le 23 juin 1789 de faire entendre raison aux députés en accédant à quelques unes de leurs demandes. Ce jour là, c’est Mirabeau qui s’impose comme orateur de la Révolution affirmant que les députés étant là par la volonté du peuple ne pourraient en sortir que par la force. Le roi finit par céder et demande à la Noblesse et au Clergé de rejoindre le Tiers Etats. En juillet, l’Assemblée nationale se proclament assemblée nationale constituante mais le Roi continue de rassembler ses troupes…
BILAN
Le peuple
Le peuple rédige les cahiers de doléance et suit les débats à l’Assemblée. Il soutient les députés du Tiers-Etat
Les députés
Sont les porte-paroles de leur ordre et se rendent aux Etats généraux le 5 mai 1789
Les députés du Tiers-Etat s’opposent au roi, Ils font le serment de ne pas se séparer jusqu’à ce qu’un Constitution soit écrite. Serment du jeu de Paume 20 juin 1789
Le roi et son entourage
Le roi refuse le vote par tête
Il réunit ses troupes autour de Versailles pour menacer les députés. Juillet 1789
II – L’irruption du peuple sur la scène politique
A°) Les prémices de la politisation du peuple
A partir de Juillet 1789, le peuple intervient dans la révolution. D’abord pour protéger les députés puis de plus en plus en tant qu’acteur des événements. Comment l’irruption des foules révolutionnaires met-elle à bas l’Ancien Régime ?
1. La prise de la Bastille
Le 12 juillet, le roi renvoie son populaire ministre Necker. Dans le même temps, les autorités monarchiques rassemblent des troupes autour de Paris. La foule cherche des armes pour se défendre en cas d’éventuelle attaque. (Camille Desmoulins met en garde au Palais Royal contre « une Saint-Barthélemy des patriotes»).
Le matin du 14 juillet, la foule trouve des armes aux Invalides. Pour en trouver de nouvelles, elle se présente ensuite devant la Bastille, prison royale. Le gouverneur de la Bastille, de Launay, fait tirer sur le peuple.
Importance matérielle modeste (sept prisonniers) mais importance symbolique énorme :
– Commémoré comme symbole de la liberté dès l’année suivante avec la première grande fête révolutionnaire
– Multiplication à l’infini des représentations de la scène, jusque dans les pays étrangers ( gravure hollandaise de Mourik de la prise de la Bastille). Début des représentations d’un peuple soulevé, qui sera la figure artistique imposée de toute l’époque révolutionnaire.
– Multiplicité des objets commémorant l’événement : faïence, médailles, couteau de vainqueur de la bastille , maquettes, diplôme de vainqueur de la forteresse… Diffusion dans la France entière des pierres de la Bastille, reliques laïques.
2. La diffusion des révoltes sur l’ensemble du territoire : la Grande peur
L’événement du 14-juillet se répand sur l’ensemble du territoire.
– Dans certaines villes comme Strasbourg ( pillage de l’hôtel de Ville de Strasbourg le 22 juillet). Souvent, de nouveaux pouvoirs «patriotes» remplacent les structures d’Ancien Régime.
– Dans les campagnes par les mouvements des rébellions qui accompagnent ou suivent la Grande Peur (Carte). Cette grande peur alimentée par la crainte d’un complot aristocratique et l’incompréhension devant les événements parisiens se manifeste par l’attaque de châteaux, la mise au feu des chartes et papiers du prélèvement seigneurial de l’impôt.
Pour apaiser ces révoltes imprévues, l’Assemblée fait disparaître la société d’ordres au cours de la nuit du 4 au 5 août 1789 :
3. L’abolition des privilèges
Extrait du texte voté la nuit du 4 aout et passé en décret le 11 août 1789
Art. 1- L’Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal. Elle décrète que, dans les droits et les devoirs tant féodaux que censuels, ceux qui tiennent à la
main-morte réelle ou personnelle, et à la servitude personnelle, et ceux qui les représentent, sont abolis sans indemnité ; et tous les autres sont déclarés rachetables, et le prix et le mode de rachat seront fixés par l’Assemblée nationale. […]
Art. 5. Les dîmes de toute nature, et les redevances qui en tiennent lieu, sous quelques dénominations qu’elles soient, connues et perçues, même par abonnement, […] sont abolies.
Art. 10. […] Il est déclaré que tous les privilèges particuliers de provinces, principautés, pays, cantons, villes et communautés d’habitants, soit pécuniaires, soit de toute autre nature, soient abolis sans retour, et demeureront confondus dans le droit commun de tous les Français.
Art. 11. Tous les citoyens, sans distinction de naissances, pourront être admis à tous les emplois et les dignités ecclésiastiques, civiles et militaires, et nulle profession utile n’emportera dérogeance.
4. Le roi à Paris
A nouveau, le roi subit les événements.
– Il accepte la prise de la Bastille en se rendant à l’hôtel de Ville de Paris, où on lui remet une cocarde tricolore (naissance de l’association de ces trois couleurs, le rouge et le bleu de Paris, le blanc de la monarchie).
– Il refuse dans un premier temps l’abolition des privilèges. Mais une foule venue de Paris l’oblige à accepter cette nouveauté : Le 5 octobre 1789, en effet, à Paris, quelques milliers de femmes mécontentes de la cherté de la vie et de la disette se rendent à Versailles auprès du roi Louis XVI. L’Assemblée est envahie et une délégation de femmes conduite par Mounier se rend auprès du roi. Celui-ci les écoute et promet de ravitailler Paris. Mais le second cortège arrive sur ces entrefaites et force les grandes grilles des écuries. Les émeutiers s’installent sur la place d’Armes, devant le château, en vue d’y passer la nuit. Victime de ses hésitations, le roi va se trouver prisonnier des révolutionnaires et des agitateurs parisiens;
La famille royale quitte Versailles les 5 et 6 octobre 1789 pour s’installer aux Tuileries. Le roi est accueilli dans sa capitale par un discours emphatique du maire Jean Bailly : «Quel beau jour, sire, que celui où les Parisiens vont posséder Votre Majesté et sa famille !».
BILAN
Le peuple révolutionnaire
Le peuple parisien prend la Bastille, beaucoup de communautés rurales attaquent les châteaux. Eté 1789
Les députés
Abolition des privilèges par les députés. nuit du 4 août 1789,
Le roi et son entourage
Le roi refuse l’abolition des privilèges. Les 5 et 6 octobre 1789, la « marche des femmes » le contraint à quitter Versailles pour Paris.
B°) Le droit des peuples affirmés
Le Serment du Jeu du Paume et le 14 Juillet ont opéré un transfert de légitimité : le pouvoir légitime n’est plus dans la personne du roi, mais dans la nation toute entière, l’ensemble des citoyens. Les députés de l’assemblée entreprennent la rédaction d’un texte qui a pour ambition d’être une référence, l’énoncé des principes sur lesquels s’appuieront les rédacteurs de la Constitution et des lois à venir.
1. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
Quelle est la fonction / la raison d’être de cette Déclaration?
Donner à tous les hommes un texte de référence qui fixe les droits, texte auquel tous pourront se référer pour évaluer l’action d’un gouvernement et éventuellement le contester. Fixer des principes incontestables reconnus par tous, dirigeants et dirigés. Légitimer un nouveau pouvoir en train de naître (Préambule).
Quels sont les droits ? Comment sont-il définis ?
La liberté : la possibilité de tout faire, tant que cela n’empiète pas sur la liberté des autres. C’est la loi qui fixe les limites (Art. 1, 2 et 4). On comprend donc que la liberté de chacun est limitée par celle de l’autre, et donc que l’égalité est le pendant de la liberté ainsi définie.
La propriété.
La sûreté.
La résistance à l’oppression (art. 2).
Que signifie l’expression «égaux en droits»(art. 1) ? Comment cette égalité s’exprime-t-elle?
La loi est la même pour tous, c’est la fin des privilèges. Le texte, surtout si on l’étudie intégralement, donne de multiples exemples de cette égalité. Dans l’extrait proposé, on relève la possibilité pour tous d’accéder à tous les emplois (art. 6).
La liberté est limitée par des lois (art. 4). Comment sont-elles écrites?
Les lois ne sont plus écrites par un seul, puisque la souveraineté est passé du roi à la nation toute entière (art. 3). C’est la nation, par l’intermédiaire de ses représentants, qui écrit la loi (art. 6).
Le texte fixe donc des principes sans entrer dans le détail de leur application. Ce sera là le travail des deux années qui vont suivre, et l’enjeu principal des débats entre côté gauche et côté droit de l’Assemblée : pour le côté gauche (Robespierre, Grégoire), tout ce qui est contraire aux principes déclarés est anticonstitutionnel et antisocial
2) le 3 septembre 1791, vote de la Constitution en elle-même
La monarchie constitutionnelle: Le roi règne toujours, mais partage ses pouvoirs avec l’assemblée élue, il choisit les ministres, il a un droit de veto suspensif de 4 ans renouvelable une fois.
L’assemblée législative a-t-elle est élue pour deux ans, et a le pouvoir de faire les lois.
Les hommes (pas les femmes) de plus de 25 ans, et qui payent un impôt égal à trois jours de travail (suffrage censitaire) peuvent élire les grands électeurs. Sur 7 millions d’hommes de plus de 25 ans environ, quatre millions peuvent voter et sont appelé citoyens actifs (carte de citoyen actif). Cependant seuls 50 000 sot réellement électeurs (payant un impôt équivalent à plus de 10 journées de travail) Cela pose problème car, contrairement au texte d’août 1789 ,les hommes ne sont pas «égaux en droits» (voir le discours de Robespierre Contre le décret dit du marc d’argent vu en classe).
3) . La réorganisation du territoire et du pouvoir
– Réorganisation de la justice : égalité de tous devant la loi, juges élus.
– Impôts payables par tous
– Institution du mariage civil et du divorce. Suppression du droit d’aînesse.
– Nouvelle organisation administrative avec la création de 83 départements (Carte des esquisses des départements et carte de leur tracé définitif qui permet de comprendre l’esprit mathématique à l’œuvre)
– Elle institue le système métrique: fixe ce qu’est un mètre (un dix millionième d’un quart de méridien -image du mètre étalon) et un gramme (le poids en eau d’un cm3) et instaure une base décimale.
– Réorganise profondément l’Eglise avec la Constitution Civile du Clergé (12 juillet 1790). Tous les biens de l’Eglise reviennent à la nation, on les appelle Biens Nationaux
– Beaucoup sont vendus, ce qui inaugure une redistribution massive des terres. Les prêtres et évêques sont élus et payés par l’Etat. Ils doivent prêter serment de fidélité à la nation, à la Loi et au roi. Certains acceptent de jurer, on les appelle jureurs, d’autres refusent, on les appelle réfractaires. Condamné par le pape 10 jours plus tard.
En revanche, certains nobles commencent à partir à l’étranger, on les appelle les Emigrés, car ils refusent ce nouveau système.
4) création clubs politiques journaux
L’usage des clubs, initié en Angleterre était passé en France sous le règne de Louis XVI. Mais, tandis que les Anglais avaient des clubs pour vivre entre hommes, en France ces sociétés ne se substituèrent pas aux salons, n’ôtèrent pas aux femmes le droit de présider à la conversation, et elles furent presque uniquement politiques.
Dès 1782, il s’établit, rue Saint-Nicaise, à Paris,un club politique, dont les statuts interdisaient de parler de la religion et de l’autorité
A ces clubs, il faut joindre la société des Amis des Noirs, fondée en 1788 par Brissot et aussi les différentes loges maçonniques où plusieurs des futurs orateurs de la Révolution s’exerçaient déjà à la parole politique.
Le plus importants démarré dès juin 1789 sous le nom de clubs breton, qui deviendra le 22 septembre 1792, la société des Jacobins, Amis de la liberté et de L’égalité.
Les Jacobins étaient d’abord des constitutionnels, des monarchistes libéraux, plus tard ils furent des républicains modérés.
Par ailleurs à partir de 1789, les événements suscitent une insatiable soif de nouvelles. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en instituant la liberté d’expression, déclenche une exceptionnelle floraison de journaux qui est immédiatement perçue comme l’une des grandes nouveautés de la période. Alors que la censure royale n’autorisait que 60 feuilles dans le royaume en 1788, elles seront 500 en 1792 à Paris.
BILAN
Le peuple révolutionnaire
→ Diffusion de la politique sur le territoire (presse, clubs politiques) mais privé du pouvoir
Les députés
→ Vote de la Déclaration des droits de l’homme – Aout 1789
→ Vote de réformes profondes dans de nombreux domaines.
→ Premières oppositions entre députés (Robespierre, Desmoulins pour le SU)
Le roi et son entourage
→ Début de l’Émigration.
→ Le roi doit partager ses pouvoirs – Monarchie Constitutionnelle 3 septembre 1791
C°) Le pouvoir du peuple
1 – La naissance de la République
Juin 1791 – Fuite du roi et son arrestation à Varennes
Le roi est très affaibli mais reste populaire jusqu’en 1791. Beaucoup de reconnaissance pour avoir laisser les changements s’installer sans violence.
Un tournant en juin 1791 : le roi s’enfuit. Il perd là l’essentiel de son prestige, de sa crédibilité, de son image de bienveillance, puisqu’une fois parti, il ne pouvait que revenir à la tête d’une armée.
=> Dès le début, le régime de monarchie constitutionnelle est dirigé par un roi peu légitime, qui a menti à ses sujets.
La France en guerre
Le régime déjà fragile est encore fragilisé par la guerre.
1790 : déclaration de paix au monde : « la nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes et [déclare] qu’elle n’emploiera jamais la force contre la liberté d’aucun peuple. »
Mais :
– Le roi d’Autriche (famille de la reine) menace la France d’une guerre s’il arrive quelque chose à la famille royale après Varennes.
– Le roi espère et pousse à une guerre où les armées françaises seraient battues, et où les rois étrangers lui redonneraient son pouvoir perdu.
10 avril 1792 : la France entre en guerre contre l’Autriche et la Prusse
Les premiers combats sont perdus par les armées françaises, ce qui fait craindre à Paris une invasion qui mettrait fin à la Révolution. La question de la guerre provoque cependant un débat intense, et les partisans de la guerre emporteront au final la décision.
Dans la nuit du 9 au 10 août, le palais des Tuileries où réside la famille royale depuis octobre 1789, défendu par environ 4000 hommes dont 900 gardes suisses, est assiégé par le peuple révolutionnaire, venu des faubourgs de Paris et de tout le territoire français. Les assiégeants demandent la déchéance du roi.
Le 10 au matin, le roi se réfugie dans l’Assemblée législative, à quelques mètres du château. Alors que le roi n’est plus là, a lieu une attaque entre assaillants et assiégés. C’est cette attaque qui est figurée.
Une fois que ses défenseurs auront été défaits, des représentants des assaillants feront irruption dans l’assemblée, conduisant les députés à prononcer la suspension du roi, la convocation d’une Convention Nationale chargée d’écrire une nouvelle constitution, la reconnaissance d’une Commune de Paris représentant les insurgés. C’est la Commune qui décide de mettre en prison le roi déchu et sa famille, dans la forteresse médiévale du Temple.
Le 22 septembre 1792, la république est proclamée, une Convention élue au suffrage universel est chargée de rédiger sa constitution. En décembre 1792, le roi est jugé pour trahison et conspiration.
Il est guillotiné le 21 janvier 1793.
BILAN
Le peuple révolutionnaire
-> Second coup de force populaire : la prise des Tuileries le 10 aout 1792
Les députés
-> Ils déclarent la guerre aux rois étrangers
-> Les députés, hésitants, proclament sous la pression la déchéance du roi et la République le 22 septembre 1792
Il votent à une courte majorité la mort du Roi
Le roi et son entourage
-> Il cherche le soutien des rois étrangers. (Fuite en Juin 1791 – Manifeste de Brunswick juillet 1792)
Le roi et son entourage sont en prison. Le roi est guillotiné le 21 janvier 1793.
III – Quand l’Etat reprend ses droits, la question du monopole de la violence légitime (Max Weber)
En interdisant l’usage privé de la violence, l’État se réserve l’exclusivité du recours à la violence, ou à la contrainte justifiée, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.
A°) Manifestations violentes du pouvoir et des craintes du peuple
La journée du 10 août 1792 marque, de fait, la fin de la monarchie et le début de la seconde Révolution. Trois pouvoirs occupent le devant de la scène au lendemain de la prise des Tuileries :
- La Commune insurrectionnelle de Paris,(existe depuis 89) désormais dominée par Robespierre ;
- l’Assemblée législative issue des élections de septembre 1791 ;
- le Conseil exécutif provisoire, à la tête duquel se trouve Danton, ministre de la Justice, Premier ministre de fait, secondé par Roland à l’Intérieur, Servan à la Guerre, etc.
=> La Commune de Paris impose sa prééminence. Cette « compétition » avec la Commune amène l’Assemblée à radicaliser sa politique. Le 17 août 1792, elle crée un tribunal criminel pour juger les défenseurs du roi lors de la prise des Tuileries.
=> Alors que Brunswick est entré en France par le sud de la Moselle, l’armée austro-prusse multiplie les conquêtes : Longwy, Thionville, Lille, Verdun…. la crainte d’une menace étrangère sur la capitale est de plus en plus forte. L’Assemblée décrète l’enrôlement de 30 000 volontaires qui se porteront aux frontières du Nord et de l’Est.
=> Les événements contribuent par ailleurs à renforcer la thèse du « complot des prisons » : dans une capitale désertée par les volontaires, les contre-révolutionnaires détenus s’évaderont, égorgeront les patriotes, libéreront Louis XVI pour, finalement, livrer la capitale aux Prussiens.
Du 2 au 6 septembre 1792, les prisons parisiennes sont donc investies par les sans-culottes qui massacrent près de 1 300 détenus. Ces massacres de septembre ont nourri une abondante iconographie, d’origine souvent populaire et anonyme. Les massacres de septembre furent le point de départ de l’éradication de la noblesse en France. Ils anticipaient sur la Terreur, véritable lutte à outrance contre une noblesse ennemie de la Révolution. Les dérives en sont bien connues : ce furent en effet les sans-culottes qui payèrent le plus lourd tribut à la guillotine.
Cette agitation populaire inquiète les députés qui tentent tels Marat de reprendre le contrôle des événements. L’agitation sociale et les massacres de rues comme celui de septembre 1792, sont peu à peu remplacés par une violence organisée, gouvernementale, légitimée par les circonstances.
Document 2. Discours de Marat à la Convention, 25 septembre 1792
Lorsque les trahisons éternelles d’une cour perfide et de ses créatures, lorsque les complots sans cesse renaissants des ennemis de la Révolution, lorsque les trames sanguinaires des suppôts du despotisme menaçaient la liberté ; (…) lorsque, par les attentats concertés de ces scélérats, la patrie était prête à périr, qui de vous, Messieurs, eût osé me faire un crime d’avoir, dans les transes de mon désespoir, appelé sur leurs têtes criminelles la hache des vengeances populaires ? Qui de vous osera me faire un crime d’avoir recommandé le seul moyen de salut public qui nous fût laissé ?
Le peuple, sans obéir à ma voix, a eu le bon sens de sentir que c’était effectivement là toute sa ressource, il l’a employée plusieurs fois pour s’empêcher de périr. Ce sont les scènes sanglantes des 14 juillet, 6 octobre, 10 août, 2 septembre qui ont sauvé la France : que n’ont-elles été dirigées par des mains habiles !
Redoutant moi-même ces terribles mouvements d’une multitude effrénée, (…) c’est dans cette vue que j’ai demandé que le peuple se nommât un dictateur, un tribun militaire. (…) Si, comme je le demandais, on eût alors fait tomber cinq cents têtes traîtresses, cent mille patriotes n’auraient pas été égorgés, cent milles patriotes ne seraient pas menacés de l’être, l’Etat n’eût pas été si longtemps déchiré par des factions, livré (…) à la guerre civile ; il n’eût pas été menacé de devenir la proie des hordes barbares de tant de despotes ligués !
Les penseurs, Messieurs, sentiront toute la justice de cette mesure. Si sur cet article vous n’êtes pas à ma hauteur, tant pis pour vous ! … Des flots de sang vous feront un jour sentir votre erreur et vous déplorerez avec amertume votre fatale sécurité.
B°) La violence institutionnalisée : légitimer la terreur
La Révolution, il est vrai, est alors menacée de toutes parts : à l’extérieur les princes européens sont entrés sur le territoire, à l’intérieur l’exécution du roi et la persécution des prêtres ont retourné contre elle l’opinion d’une grande partie des Européens et des Français (insurrection vendéenne).
Le 9 mars 1793, la Convention instaure à Paris un tribunal extraordinaire, sans appel, destiné au jugement des contre-révolutionnaires de la capitale puis du pays entier.
Le dimanche 10 mars 1793, la Convention décrète la levée en masse de 300 000 hommes pour protéger les frontières.
Le 25 mars – 6 avril 1793 , le Comité de salut public est créé. C’est le premier organe du gouvernement révolutionnaire mis en place par la Convention pour faire face aux dangers qui menacent la République au printemps 1793 (invasion et guerre civile), le deuxième étant le Comité de sûreté générale.
Des députés tentent de modérer la répression et mettent en accusation Jean-Paul Marat, qui multiplie les appels à la violence dans son Journal de la République française, mais celui-ci est disculpé par le Tribunal révolutionnaire. Après son retour triomphal à l’assemblée, le 24 avril 1793, il traque à son tour avec l’appui des sans-culottes les Girondins qui sont arrêtés les 31 mai et 2 juin.
=> Le Comité de sûreté générale prend en main la répression. Essentiellement composé de députés montagnards, il traque les suspects et les défère auprès du Tribunal révolutionnaire.
Plusieurs députés girondins arrivent à s’enfuir dans les départements et organisent la riposte. À Caen, une jeune fille romanesque, Charlotte Corday, boit les paroles du député Barbaroux et décide d’assassiner Marat, qu’elle accuse d’être à la racine de tous les maux. Cet assassinat, le 13 juillet 1793, réveille les passions des Parisiens. Le député et peintre Louis David fait un tableau de Marat, mort dans sa baignoire : La Révolution assassinée !
La Révolution chancelle. Une coalition européenne menace d’envahir la jeune République. Les généraux se révèlent incompétents et/ou corrompus, la Vendée et plusieurs grandes villes (Lyon, Toulon…) sont en état de rébellion, l’assignat n’en finit pas de perdre de sa valeur, les prix flambent et le chômage s’étend…
Le 5 septembre 1793, l’avocat Bertrand Barère, membre du gouvernement républicain demande à la Convention nationale de prendre toutes les mesures propres à sauver les acquis de la Révolution et repousser l’invasion étrangère. L’assemblée met alors « la Terreur à l’ordre du jour » ! Il s’agit par une justice prompte et inflexible de briser et « terroriser » les ennemis de la Révolution et de la France. Trois lois sont passées :
- La levée en masse (23 août), visant à enrôler tout homme en age de se battre et non chargé de famille et mettant à contribution toute la population.
- La loi des suspects (17 sep), permet l’arrestation immédiate, sans motif comme sans preuve, de tous ceux qui « n’ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution » ou de ceux qui « n’ayant rien fait contre la Liberté, n’ont rien fait pour elle ».D’abord dirigée contre les nobles, les prêtres, les émigrés, les possédants, elle finit par englober dans la catégorie des suspects tous ceux qui, par leurs manières, leurs propos, leurs façons de penser ou de s’habiller, ne donnent pas l’exemple quotidien d’un enthousiasme militant pour l’idéal révolutionnaire
- La loi du maximum général (29 sep). À Paris, la rue gronde. Les sans-culottes, traditionnels soutiens des députés de gauche et du Comité de Salut public, s’indignent de la dégradation de la situation économique, du chômage, des pénuries et de l’inflation. Il proclament haut et fort « Guerre aux accapareurs ». Pour les satisfaire et conserver leur soutien, les députés de la Convention votent le 29 septembre la loi du « maximum général » qui bloque les salaires et les prix. Elle impose un prix maximum pour les produits de première nécessité, variable selon les régions. Mais cette première forme d’économie administrée se solde par une impopularité sans précédent. Instantanément, les greniers et les magasins se vident de leurs marchandises. Chacun achète tout ce qu’il peut pendant qu’il est temps et les paysans dissimulent leurs récoltes plutôt que de les vendre à vil prix. Le gouvernement tente de réagir en appliquant des peines très dures aux contrevenants, y compris la prison et la guillotine.
Comme la situation ne semble qu’empirer, le Comité de Salut public décide d’accentuer la répression Louis Antoine Saint-Just (27 ans), accuse les fonctionnaires de corruption et à tout le moins de laxisme, notamment dans l’application de la loi sur le maximum général sur les salaires et les prix.
« Il est impossible que les lois révolutionnaires soient exécutées si le gouvernement lui-même n’est constitué révolutionnairement », lance-t-il à la tribune de l’Assemblée le 10 octobre. « Il n’y a point de prospérité à espérer tant que le dernier ennemi de la liberté respirera. Vous avez à punir non seulement les traitres, mais les indifférents mêmes : vous avez à punir quiconque est passif dans la République et ne fait rien pour elle… ».
À son initiative est adopté ce jour-là un décret qui proclame : « Le gouvernement de la France sera révolutionnaire jusqu’à la paix ».
Robespierre, qui préside le Comité de Salut Public, fait l’inventaire de la situation le 25 septembre 1793 : « Onze armées à diriger, le poids de l’Europe entière à porter, partout des traîtres à démasquer, des émissaires soudoyés par l’or des puissances étrangères à déjouer, des administrateurs infidèles à surveiller, à poursuivre, partout à aplanir des obstacles et des entraves à l’exécution des plus sages mesures ; tous les tyrans à combattre, tous les conspirateurs à intimider (…) : telles sont nos fonctions »
D’origine bourgeoise, fils d’avocat et avocat lui-même, Robespierre est l’une des grandes incarnations de l’esprit de la Révolution. Formé chez les oratoriens à Arras, sa ville natale, puis au lycée Louis-le-Grand, à Paris, il subit l’influence de Rousseau, dont le Contrat social détermina ses positions politiques. « L’Incorruptible » exerça un véritable magistère de la parole. D’apparence méticuleuse et respectable, il voulut consacrer sa vie au peuple.
Après le 10 août 1792, sa popularité le mena à la Convention où il vota la mort du roi.
Entré au Comité de salut public le 27 juillet 1793, il voulut réaliser son idéal démocratique en instaurant un gouvernement populaire fondé sur la vertu et, en temps de crise, sur la terreur.
Détesté non seulement par les modérés, mais aussi par les membres du Comité de salut public qui le discréditèrent en multipliant arrestations et exécutions après l’adoption du décret réorganisant la justice révolutionnaire (22 prairial an II, soit le 10 juin 1794), Robespierre finit par tomber le 9 thermidor an II (27 juillet 1794). Malgré le soulèvement de la Commune, il fut guillotiné le lendemain.
En onze mois (septembre 1793-juillet 1794), la Terreur va jeter un voile sanglant sur la Révolution française pour autant il faut noter des avancées importantes : les puissances européennes sont battues par l’armée révolutionnaire sur le front nord est, la révolution intérieure est maitrisée.
BILAN
Le peuple
-> Le peuple révolutionnaire fait pression sur l’Assemblée pour obtenir la loi des prix maximum et participe au tribunal révolutionnaire
-> Le peuple contre-révolutionnaire se révolte contre la révolution (insurrection vendéenne 1793 – 1795)
Les députés
-> Instaurent les instrument institutionnels de la Terreur (Tribunal révolutionnaire, levée en masse, comité de salut public comité de sureté public)
-> Marat fait arrêter les Girondins (mai – juin 1793) avant d’être assassiné (juillet 1793)
-> Les Montagnards instaurent la Terreur (septembre 1793-juillet 1794)
-> Votent la levée en masse, la lois des suspect et la loi du maximum général
-> Guillotinent Robespierre juillet 1794
Les monarques européens
-> Sont vaincus par l’armée révolutionnaire en juin 1794