TG2 – La Mondialisation en fonctionnement

orsenna-eric

Etude de cas basée sur le livre d’Erik Orsenna, Voyage au pays du coton, Paris, Fayard, 2006

DOSSIER COTON DANS LA MONDIALISATION

Correction questions

1°) Phases successives de mondialisation du coton : 

Du VIIème siècle au XVIème siècle => Inde – pays du Maghreb puis Europe du sud (Venise) A partir du XVIIIème siècle => Révolution industrielle, Etats-Unis / Angleterre -> Esclavage en Afrique – XIXème siècle : Production autonome aux Etats-Unis (indépendance puis guerre de sécession)  – Angleterre va se fournir aux Indes et en Egypte et la France en Afrique

Brésil cherche à développer sa propre culture de coton

2°) Distinguer entre pays producteurs et pays importateurs (+ transformateurs)

3°) Les autres acteurs de la mondialisation du coton sont :
Les Firmes Transnationales regroupées en oligopsone (doc 5)
→ Genève (suisse), Minnesota et Tennessee (EUA), Paris (France)
Organisations internationales (OMC, FMI, Banque mondiale) (doc 3)
→ Genève (suisse), Washington (EUA), Paris (France)
Les laboratoires
→ Brésil, France
Bourse de NYC
→ Bourse cotonnière

4°) Les différents flux et réseaux
Importation de matière brut (EUA – Sud / Sud – Sud)
Exportation de textiles (flux sud – nord)
Flux décisionnel (flux nord – sud) : FTN de coton / FTN de vêtements
Flux de capitaux (bourse NYC – Cotation Europe / Chine – Inde)
Les lobbies nationaux et internationaux

5°) Les inégalités
La filière coton est marquée par de profondes inégalités entre d’une part les pays africains dotés de petites exploitations familiales ou en coopérative, peu industrialisées et ne bénéficiant d’aucune subvention ou presque.
D’autre part de grandes exploitations de plusieurs milliers d’hectare aux Etats-Unis, très fortement subventionnées et bénéficiant de matériel performant.
L’OMC n’a finalement que peu de poids face au géant américain alors que les institutions internationales exercent une pression forte sur les gouvernement africains.

Informations supplémentaires :

Coton => utilisation de pesticides
(Ex : En Inde – Le coton occupe seulement 5 % des terres cultivables de l’Inde mais il reçoit 54 % des pesticides

OGM (Monsanto – Bayer) => Lieux autorisant culture coton génétiquement modifié :  l’Afrique du Sud, l’Argentine, l’Australie, la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, l’Indonésie, Mexique et Burkina Faso (en train de revenir sur sa décision actu sept. 2016)

Une consommation d’eau relativement importante. Water Footprint Network se charge de comptabiliser et diffuser l’empreinte eau de différents produits du quotidien.
=> L’empreinte eau moyenne de la fabrication de coton est de 10 000 litres par kilogramme. = 2 500 litres d’eau pour un T-shirt; et 8 000 litres pour un jean
=> Consommation plus ou moins forte selon pays : 6000 L/kg en Chine, 8 100 L/kg aux Etats-Unis, 9 600 L/kg au Pakistan et 22 500 L/kg en Inde

Le coton un produit mondialisé.png

Vocabulaire

Spéculation : activité consistant à tirer profit par anticipation de l’évolution à court, moyen ou long terme du niveau général des prix ou d’un prix particulier en vue d’en retirer une plus-value ou un bénéfice.

Intrants : différents produits apportés aux terres et aux cultures, qui ne proviennent ni de l’exploitation agricole, ni de sa proximité. Les intrants ne sont pas naturellement présents dans le sol, ils y sont rajoutés pour améliorer le rendement des cultures.

Oligopsone : marché sur lequel il y a un petit nombre de demandeurs pour un grand nombre d’offreurs. Cette situation est symétrique à celle de l’oligopole dans laquelle un faible nombre d’offreurs fait face à de nombreux demandeurs.


Introduction : la Mondialisation, un triple processus

A travers son ouvrage « Voyage aux pays du coton », Erik Orsenna amène son lecteur à comprendre le processus de la mondialisation.
La mondialisation est l’intégration croissante des différentes parties du monde sous l’effet de l’accélération des échanges, de l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, des moyens de transport.

=> Processus ancien de diffusion du capitalisme

  • Renaissance  (mise en relation des continents – extension des échanges capitalistes)
  • Age industriel (partage du monde par les grandes puissances européennes – Division du travail entre secteur primaire et secondaire. A. Smith et D. Ricardo loi du marché)=> Londres puissance mondiale
  • WWII : hyperpuissance étasunienne.

=> 1944 vers un marché international régulé
– Système monétaire international issu de Bretton Woods (1944) => FMI et Banque mondiale
– Organisation des échanges: GATT (1947) (puis OMC en 1995)
– Normes de production (Tayloro-fordisme => DIT)

=> 1971 fin convertibilité or / dollars
1980, Kenichi Ohmae « Triade » et « globalisation » pour désigner les centres d’impulsion de l’économie mondiale et la mondialisation financière qui a débuté en 1971

=> Après 1990, accélération de la mondialisation financière
– effondrement du bloc soviétique
– hyperpuissance étasunienne contestée
– Europe en crise
– affirmation de puissances émergentes
   => économie-monde devient multipolaire

=> Processus technologique facilitateur
Révolutions dans les transports  (conteneurisation / spécialisation des navires pr échanges maritimes)
Moyens de communication (Internet et téléphonie mobile au XXIe siècle : plus de 2 milliards d’internautes et près de 6 milliards de téléphones portables en circulation en 2011)

=> Processus culturel et politique
1962, Marshall Mac Luhan «  village global  »
Mondialisation ≠ uniformisation culturelle  => résistance identitaire / réinterprétation
-> Emergence d’un imaginaire commun aux élites.(Ceux qui vivent pleinement la mondialisation : travail, voyages, loisirs)
-> Préoccupations globales (environnement, altermondialisme…)
Champ politique :
Incapacité des I° Internationales à réguler les tensions
Affaiblissement des États-nations et de la notion de territoire. (Brexit)
Bien qu’ États-nations restent repères identitaires et des instances de régulation => Crise du politique : système libéral imposé
Incapacité des acteurs collectifs alternatifs (ONG, syndicats…) à mettre en place de nouvelles régulations.

Problématique: La mondialisation, processus long et global, engendre des mutations profondes dans le système politique, économique, culturel et social. Ces transformations sont cependant bien le fait d’acteurs qui mettent en oeuvre des stratégies et des réseaux afin de favoriser des flux toujours croissants. Si le monde doit aujourd’hui se penser en tant que territoire, il convient alors de se demander comment fonctionne ce territoire-monde? Quels en sont les acteurs, les dynamiques et les limites?

I – Les acteurs de la mondialisation

A°) Les FTN, principaux acteurs économiques de la mondialisation, les fonds privés et occultes

1°)  Les FTN

Firmes transnationales : Une firme transnationale est une entreprise possédant au moins une unité de production (pas seulement de commercialisation)   à   l’étranger. Cette unité de production est alors sa filiale.
Certaines FTN peuvent établir tout un réseau de relations entre leurs filiales à l’échelle du monde.
La logique de fonctionnement et de gestion d’une FTN se réfléchit à l’échelle du monde ce qui n’empêche pas que subsiste un enracinement national de la FTN.

L’émergence de firmes transnationales – et de leurs nombreuses filiales

→ Essor des compagnies commerciales au XVIII – XIXème siècle (premières FTN) => Le but est d’aller chercher les matières premières et d’assurer la fabrication dans le pays d’origine de la FTN
→ Dès la fin du XIXe siècle, pour contourner les lois protectionnistes, on s’est mis à installer des filiales :=> fabriquer sur place, pour accéder le plus vite aux marchés locaux. On évite ainsi les droits de douane.  (ex : Années 1880, Singer)
→ En 1960, on relevait dans le monde de l’ordre de 7  000 firmes transnationales (FTN), 80  000 en 2008. Ces 80 000 FTN réalisent aujourd’hui les deux-tiers du commerce mondial.
Abaissement des coûts de production et la relative faiblesse du coût des transports => firmes encore plus mobiles

Les stratégies des firmes transnationales

=> Délocalisations : La délocalisation désigne le transfert d’activités, de capitaux et d’emplois d’une entreprise dans un autre lieu afin de bénéficier d’avantages compétitifs, c’est-à-dire de conditions économiques plus favorables
=> Faiblesse du coût de la main d’œuvre pour certaines productions,
=> qualité et fiabilité,
=> facilité de communication
=> attrait fiscal

FTN sous-traitent une grande partie de leur production, voire parfois la totalité, dans différents lieux du monde => elles exploitent les avantages comparatifs des différents territoires.

=> Investissement Directs à l’Etranger : Achats de titres d’entreprises par des agents non-résidents afin d’obtenir « un intérêt durable et la capacité d’exercer une influence dans la gestion. Les investissements directs à l’étranger (IDE) sont le moyen de l’internationalisation des firmes.

Ainsi, la création par Danone d’une filiale en Chine (avec un partenaire chinois) est un IDE pour Danone (ce qui va se traduire par une sortie de capitaux de France et une entrée de capitaux en Chine).

Le phénomène le plus récent – depuis les années 2000 – concerne l’émergence des firmes transnationales basées dans les pays du Sud et les IDE de ces FTN.
Exemples =  en 2006, ONGC (Inde, pétrole) et Sinopec (Chine, pétrole) ont racheté l’ensemble des actifs de Petro-Canada en Syrie et 50% de la firme colombienne Ominex.
Rachat d’Arcelor par l’indien Mittal, de Marionaud par le hong-kongais AS Watson, des silicones de Rhodia par le chinois Blue Star…

2°) Les fonds d’investissements (ex :Hedge funds) ***cours du mercredi 4  janvier

Un hedge fund est un  fonds d’investissement  non indexé sur la  bourse. => forte rentabilité.
Les hedge fund cherchent à investir en entreprise et à utiliser l’effet de levier : ils investissent une somme destinée à faire croître leurs capitaux de façon importante sur les projets engagés.

=> Réservés à la catégorie des investisseurs institutionnels ou aux grandes fortunes.

Les hedge funds font appel à l’emprunt pour composer leurs portefeuilles, ce qui les contraint donc à dépasser des seuils de rentabilité minimale. => risque extrêmement important (un des facteurs de la crise des subprimes)

3°) Les antimonde : organisations criminelles et mafias

Notion d’antimonde utilisée par Roger Brunet pour qualifier tout ce qui échappe à la mondialisation légale.
L’antimonde est réticulaire (il fonctionne en réseau), difficile à évaluer car il a ses propres règles et codes :

– l’univers carcéral (9 millions de personnes sont en prison dans le monde parmi lesquels 1 million d’enfants) : concentrés sur 3 pays, les Etats-Unis, la Chine et la Russie
– les ghettos urbains qui échappent au droit commun
– les bases militaires fermées
– les maquis et zones de guérilla : darien gap, désert du Sahara (narcos djihadistes, Aqmi)
– des espaces maritimes contrôlés par la piraterie (en mer de Chine, dans le golfe d’Aden, le long des côtes somaliennes)

L’antimonde fonctionne en utilisant les nœuds de la mondialisation: ports, paradis fiscaux, gares, zones franches, entrepôts et les marges (déserts, jungles) et les zones transfontalières.

Il profite des états défaillants incapables de faire respecter la loi et/ou corrompus comme les narcos-Etats (Mexique, Birmanie, Mali…) et des territoires les plus pauvres de la planète (en Afrique par ex) ou les Etats faillis (Somalie)

=> Une partie de l’antimonde est organisé par les mafias.

B°) Les organisations internationales et les ONG, instances de régulation du processus ?

1°) Les organismes internationaux liés aux Etats

Les organisations géopolitiques ou géoéconomiques régionales Elles participent également au processus de mondialisation. Il s’agit d’organisations de proximité, comme l’Union européenne, l’ALENA, le Mercosur, l’ASEAN, mais aussi la CARICOM, l’APEC, la CEI etc.

A connaître :

ALENA (EUE, Canada, Mexique)

UE (28)

MERCOSUR (Vénezuela, Brésil, Uruguay, Paraguay, Agentine)

ASEAN (Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande + Brunei, Viêt Nam, Laos, Birmanie, Cambodge – 2016 : Timor oriental)

Institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale, créés en 1944) et l’OMC.

Le FMI et la Banque mondiale : encourager la coopération monétaire internationale, veiller à la stabilité financière et faciliter le commerce international.
→ conseils et analyses financières aux États membres
→ accordent des prêts.
L’OMC détermine les règles financières et marchandes pour un fonctionnement des économies mondiales et du commerce international.
=> Ces institutions sont fortement critiquées

Enfin, des Forums plus ou moins institutionnalisés (Davos, G8, G20) constituent d’autres cadres de discussion entre Etats.

=> Toutefois, on ne peut pas vraiment évoquer une  » gouvernance mondiale « souhaitée par certains pour réguler la mondialisation contemporaine.

2°) Les organisations non gouvernementales

Les organisations non gouvernementales (ONG) se sont multipliées depuis les années 1960. Leur domaine d’intervention est très divers. Amnesty International, Médecins Sans Frontière ou Greenpeace sont de venus des interlocuteurs à l’échelle mondiale, devenant les portes paroles des  » mouvements citoyens  » contre la puissance des Etats, des OIG ou des entreprises. Parmi ces acteurs non-institutionnels, on peut également citer les syndicats (à nuancer selon pays).

C°) Les États et leurs population au cœur de la mondialisation

1°) Les États un rôle trop souvent minimisé

La mondialisation n’est rendue possible que par les décisions politiques des principaux États capitalistes.

Ce sont eux qui sont à la base, au contrôle et au financement des cadres bilatéraux ou multilatéraux qui régissent la bonne marche du commerce mondial (Libre-échange, abaissement des tarifs douanier).

Les États dominants défendent directement les intérêts de leurs sociétés transnationales.

2°) Les fonds souverains

=> Koweït, riche état pétrolier du Golfe persique a créé le premier fonds souverain en 1953, rejoint aujourd’hui par une quarantaine d’autres pays, dont la France.
Les fonds souverains: ce sont des fonds de placements financiers détenus et gérés par des États qui les alimentent grâce aux liquidités générées par certaines activités, telles que l’exportation des matières premières (pétrole par ex.)

  • Sept Etats dans le monde contrôlent 86% des fonds souverains.
  • Emirats Arabes Unis = 25%
  • Le plus grand fonds souverain occidental est le fonds souverain norvégien (866 milliards de dollars). => priorité environnement

Investissement dans des zones stratégiques => pour leurs détracteurs, leur poids grandissant implique certaines conséquences géopolitiques.

Ex Fonds souverains Qatari qui rachète en France le PSG ou prends des participations dans des entreprises telles qu’EADS (aujourd’hui Airbus group) et Lagardère. Mais aussi volonté de participer

France = un des rares pays européens à disposer de son propre fonds souverain. Il s’agit du fonds stratégique d’investissement, crée en 2008 et intégré à Bpifrance depuis 2013. Son objectif : investir dans des actifs pour soutenir activement les PME et les grandes entreprises stratégiques

3°) Les acteurs de la société civile

De multiples mouvements et forums altermondialistes ont aussi vu le jour depuis la fin des années 1990 : le mouvement ATTAC créé en juin 1998 dénonce les aspects de la domination de la  » sphère financière « , le Forum social mondial (FSM), qui s’est tenu à Porto Alegre (Brésil) pour la première fois en 2001, veut proposer une alternative à la mondialisation libérale.
Peu d’alternatives économiques existent dans la réalité.

Enfin, parmi les acteurs de la société civile, on peut citer les simples citoyens, même s’ils n’appartiennent pas à une organisation quelconque. La multiplication des réseaux sociaux liée à la révolution internet a entraîné l’émergence de mouvements spontanés, comme celui des « indignés » en Europe ou le mouvement « Occupy Wall Street » aux Etats-Unis.

II – Mobilités, flux, réseaux (cours du samedi 7 janvier)

A°) Un commerce mondialisé qui structure les échanges

  • Depuis 1945, le commerce international de marchandises a connu une croissance rapide. Pourtant depuis 2010 il s’agit d’ une croissance mondiale au ralenti.

Entre 1990 et 2007, le PIB mondial a augmenté de 4% par an en moyenne, tiré notamment par les économies émergentes. Après la crise de 2008 et le ralentissement de la croissance dans les pays émergents, la croissance a repris depuis 2010, mais il s’agit d’ une croissance mondiale au ralenti.

La croissance des exportations mondiales de marchandises demeure faible (2,7% en 2015), mais elle est plus rapide que la croissance du PIB (2,4%).
<= Ralentissement économique en Chine,
<= Récession dans d’autres grandes économies en développement comme le Brésil,
<= Chute des prix du pétrole et des autres produits de base, fortes fluctuations des taux de change etc…

=> Echanges de produits agricoles, sources d’énergie et matières premières restent importants à cause de leur valeur stratégique et de leurs cours fluctuants qui ont des conséquences sur l’évolution économique des pays rentiers (vivant de l’exportation d’un de ces biens).
=> Mais les échanges internationaux sont aujourd’hui dominés par le commerce des produits manufacturés (qui représentent près des ¾ des exportations mondiales).

Asie détient depuis plusieurs années la seconde place dans le volume total du commerce mondial de marchandise : 5917 milliards de dollars.
=> UE en tête avec un volume équivalent à 6 810 milliards de dollars (commerce de marchandise intrarégional à 70%) (4665 milliards).
=> Enfin l’Amérique du nord est en troisième position avec 2 493 milliards de dollars de marchandises échangées dont la moitié en intrarégional.
=> Le Moyen-orient se situe en 4ème position avec un peu plus de 1200 milliards de dollars échangés. (Source rapport OMC 2015)

Commerce de marchandise Le commerce des marchandises représente 18 000 milliards de dollars, il est dominé par dix pays qui représentent à eux seuls 51% des échanges mondiaux : Chine, Etats-Unis, Allemagne, Japon, Pays-bas, France, Corée (du sud), Italie, Honk-Kong (Chine), Royaume-uni.
Cependant ce commerce de marchandise dépend aujourd’hui à 41% des pays en développement (y compris émergent) et doit dorénavant compter avec le Moyen-orient mais aussi avec l’Inde et la Russie.

Les échanges de marchandises par voie maritime poursuivent leur développement et assurent aujourd’hui 90% du fret mondial en volume. : La conteneurisation en est en partie la cause, et les conteneurs sont devenus le symbole de la standardisation des modes de chargement et de déchargement des bâtiments, nécessitant des aménagements portuaires que seuls les plus grands ports du monde possèdent

Le transport des marchandises par conteneurs est dominé par la compagnie danoise APM Maersk qui possède les plus gros porte-conteneurs du monde (17 niveaux en hauteur, 22 rangées en largeur, et seulement 13 membres d’équipage).

Ces échanges se font entre les grandes façades maritimes. La majorité des grands ports mondiaux se situent en Asie. Ningbo et Shanghai en Chine : trafic supérieur à 700 millions de tonne de marchandise. En troisième position on trouve Singapour et le premier port non asiatique est en 5ème position, il s’agit de Rotterdam.

B°) Des flux immatériels en tous genres

Commerce des services commerciaux
Le commerce des services commerciaux représente près de 5 000 milliards de dollars, il comprend les secteurs de services liés aux transports, aux voyages, à la construction, aux service informatique, financiers etc. Ce commerce est moins concentré que celui des marchandises, on retrouve ainsi un plus grand nombre de pays dont le volume total des services commerciaux échangés représente plus de 100 milliards de dollars en 2014 : Etats-Unis, Canada, Brésil, UE (Irlande, Royaume-uni, France, Espagne, Italie, Benelux, Allemagne, Autriche, Danemark, Suède), Suisse, Norvège, Russie, Chine, Japon, Corée, Inde, Thaïlande, Australie.

En 2013, les échanges financiers dans le monde s’élevaient en moyenne à plus de 5 300 milliards de dollars par jour, soit presque 2 millions de milliards par an, 25 fois le PIB mondial nominal (73 000 milliards de dollars.)
En dix ans, la capitalisation boursière a augmenté de 33% et les échanges d’actions de 61%.

La « nouvelle économie » est marquée par la globalisation financière dans laquelle les bourses des valeurs jouent un rôle stratégique majeur : le monde avance au rythme de la ronde des bourses de valeurs les plus importantes du monde, NYSE + NASDAQ à New York, Kabuto Cho à Tokyo, Euronext qui réunit les bourses électroniques européennes, et qui est associé au NYSE, la City à Londres. A noter la place grandissante des bourses de valeurs chinoises : Shanghai et Hong Kong + Brésil (Sao Paulo 9e) et l’Inde (Bombay 10e).

Les investissements directs à l’étranger (IDE) augmentent en volume depuis les années 1970. Les principaux bénéficiaires des flux d’IDE sont l’Europe, l’Amérique du Nord, la Chine, le Brésil et les autres pays d’Amérique du Sud, l’Australie, Singapour et les pays d’Asie orientale, l’Afrique du Sud et l’Inde. Les flux d’IDE dessinent donc un monde multipolaire, qui n’est plus dominé par les pays du Nord, mais qui laisse dans l’oubli de vastes espaces tels que la majeure partie de l’Afrique, du Moyen-Orient, de l’Asie centrale, de l’Europe orientale, pour lesquels les investissements sont jugés trop risqués.

L’effet de la mondialisation est le plus sensible dans le domaine des flux immatériels. L’information et les capitaux circulent de plus en plus vite – plus facilement que les hommes et les biens matériels – et sur des distances de plus en plus grandes. L’information est devenue un outil de travail, un facteur de production aussi important que la main-d’oeuvre et les capitaux, notamment pour les firmes multinationales ou les grands organismes bancaires internationaux. Aujourd’hui, chacun peut émettre une information que le monde entier peut recevoir de manière quasi instantanée.


Cours à recopier pour mercredi 11 Janvier

C°) Des flux humains multiples

1°) Les migrants
L’accroissement des inégalités a généré des flux de travailleurs migrants internationaux (231 millions de migrants en 2014 selon l’ONU, soit 180 millions de personnes dont 50 millions de clandestins), grossis de ceux des réfugiés (20M personnes) provenant des pays touchés par des conflits armés
Si la majeur partie des migrants proviennent des pays en développement et vont vers les pays développés, les flux Sud-Nord ne sont plus les seuls. Ils sont fortement concurrencés par des flux Sud-Sud (vers les économies émergents ou les émirats pétroliers ex : Népal vers Qatar). Enfin il existe aussi des flux Nord-Nord, voir Nord-Sud centrés principalement sur les jeunes diplômés qui partent travailler dans un pays leur offrant de meilleures condition de vie, c’est le Brain drain

Les principaux pays d’accueil sont les Etats-Unis (pourtant soumis à des lois de quotas et ayant fermé en partie la frontière avec le Mexique), l’Union européenne, l’Australie et le Moyen-Orient. La Russie est à la fois pays d’accueil et de départ.

Migrant : désigne toute personne ayant changé de lieu de résidence pour une durée minimum de trois mois

Migration : Déplacement d’individus ou de groupes d’individus d’un pays dans un autre ou d’une région dans une autre, pour des raisons économiques, politiques, culturelles ou en lien avec des situations de guerre.Les migrations peuvent être légales ou clandestines.

Réfugié : (terme juridique défini par la Convention de Genève de 1951). Personne qui a du fuir son pays et ne peut y retourner sans être persécutée en raison de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social déterminé ou de ses opinions politiques. Pour que soit reconnu son statut de réfugié, l’étranger doit faire une demande d’asile dans le pays où il arrive.

2°) Les diasporas

Les diasporas ont souvent une grande importance économique et culturelle pour leur pays d’origine auquel elles envoient des revenus et permettent la mise en place de programmes d’investissement mais elles sont aussi très importantes pour le pays d’accueil en y apportant des savoirs et en aidant les entreprises à investir à l’étranger (l’Inde fournit des ingénieurs électroniciens aux pays occidentaux, la diaspora indienne aide au financement de projets dans les PED).

Diaspora : mouvement de dispersion d’une population hors du pays d’origine, et par extension la communauté elle-même lorsqu’elle a gardé un lien avec le pays d’origine),

3°) Les flux touristiques

Les flux touristiques (900M de touristes internationaux) sont saisonniers et inverses des précédents : les pays d’origine sont les Pays Développés et les pays émergents (Chine).

Les bassins touristiques sont surtout littoraux et proches des Pays développées (les trois Méditerranées : le bassin méditerranéen, les Caraïbes, l’Asie du Sud-Est, auxquelles s’ajoute le Golfe persique avec Dubaï, gigantesque ensemble résidentiel accueillant plus de six millions de touristes en 2006 et où l’on peut trouver une station de ski, des îles artificielles représentant un palmier ou les continents, ainsi que la plus haute tour du monde, Burj Khalifa, haute de 828 mètres et comprenant 160 étages.

III – Mondialisation : débats et contestations

En 2002 Walden Bello, un économiste philippin engagé à gauche, expliquait dans son ouvrage Deglobalization, Ideas for a New World Economy (Zed Books, 2002) le concept de démondialisation. Pour l’économiste, il s’agit d’instaurer une nouvelle organisation du monde, plus juste et de lutter contre la domination de la mondialisation financière.
=> Utilisation du terme « démondialisation » par D. Trump et autres…. = idée d’un repli sur soi ?

A°) Les évolutions récentes de la mondialisation et ses dérives

1°) Pour l’économiste Patrick ARTUS, « à la démondialisation de la production des biens s’opposent la mondialisation des services, en particulier des services numériques, et la mondialisation financière ».

Coût main d’oeuvre ↑ ds les pays émergents => Coûts de production ↑ => Volonté de re-localiser au plus près des pays consommateurs (ex : Europe de l’Est)
=> Circulation des biens ralentit (frêt = -20% en 2016)
=> démondialisation du commerce des biens
Mondialisation des services en particulier numérique => monopole de fait des entreprises de l’Internet qui bénéficient de coût marginal nul (bénéfice au premier arrivé)
Mondialisation financière explose + pays émergents.

2°) Selon Aude Lancelin, journaliste pour « Le 1 », ceux qui s’empare aujourd’hui du concept de démondialisation ne cherchent pas à mettre fin à la mondialisation financière qui « s’accommode très bien de la fermeture des frontières physiques aux personnes » mais bien à renforcer les inégalités notamment entre ceux qui détiennent les capitaux et ceux qui produisent les biens.

***

=> C. f. Ecopla, entreprise fabriquant les barquette en aluminium pour de nombreuses marques alimentaires => vendue en 1996 à un groupe anglais, Ekco Packaging. Après divers rachat par des fonds de pension américain puis des banques anglaises, Ecopla est vendue en 2012 à un businessman sino-australien Jerry Ren. => Liquidation judiciaire => Salarié interdits de reprendre l’entreprise en SCOOP => Biens vendus au concurrent italien.

L’homme de ma vie Audrey Vernon, France Inter 5-7 :
https://www.youtube.com/watch?v=NdA1rzTHuIs

B°) les oppositions à la mondialisation

Pour Eric Fottorino, rédacteur en chef du journal « Le 1 », le concept de démondialisation tel qu’il est repris aujourd’hui est « l’addition de nos peurs et de nos défaites » : chômage et délocalisation, dérégulation financière, attentats et flux migratoires…

1°) Mouvements souverainistes (Europe) + victoire de Donald Trump => symbole d’un repli sur soi.
=> Opposition à la perte de souveraineté politique des Etats (contre organisation supranationales).
=> Contre le néolibéralisme et pour le protectionnisme.
=> Refus de la libre-circulation des personnes.

Selon le géographe Michel Foucher, le monde occidental a tendance au repli car il ne maitrise plus les règles du jeu comme auparavant. « La «  démondialisation  » qui s’amorce est en réalité une désoccidentalisation de la mondialisation.

2°) Les mouvements altermondialistes, contre la mainmise du capital sur le travail.
=> Les altermondialistes dénoncent le système économique mondial jugé «  ultra-libéral  » et le «  déficit démocratique  » des organisations internationales (FMI, OMC, etc).
=> Militent pour une mondialisation plus égalitaire et écologique.
=> Acceptent la libre-circulation de la main d’œuvre (régularisation des sans-papiers) mais refusent la plupart du temps celle des marchandises (défense du protectionnisme).

c.f. Walden Bello contre domination de la mondialisation financière. => « produire pour le marché local plutôt que pour l’export », «ne pas vénérer l’objectif de croissance »

c.f. Ignacio Ramonet ancien directeur du Monde diplomatique, fondateur d’ATTAC et un des promoteurs du Forum Social Mondial de Porte Allegre / mais aussi Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce.

C°) Moralisation et relocalisation.

1°) « Des pratiques éthiques »
Commerce équitable (Pays-Bas – années 1960) => soutien producteurs locaux
Les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) => raccourcir la chaine du producteur au consommateur
La finance islamique (années 1970) => ensemble des transactions et produits financiers conformes aux principes de la Charia :
→ Le murabaha: forme de crédit qui permet au client d’effectuer un achat sans avoir à contracter un emprunt portant intérêt.
→ Les sukuks : équivalent islamique des obligations qui accorde à l’investisseur une part d’un actif, ainsi que des flux de trésorerie et des risques proportionnés.
La France qui accueille la première communauté musulmane en Europe (5,5 millions de personnes environ) cherche à développer les potentialités de la finance islamique (Investissement des pays du Moyen-Orient et de la population musulmane française).

2°) Pour Erik Orsenna, écrivain, auteur de « Voyage aux pays du Coton, petit précis de mondialisation« , il ne peut y avoir de démondialisation dans le sens où le monde est l’espace de référence. Cependant il est selon lui nécessaire de modifier la mondialisation sur deux plans : d’une part il faut réduire les chaines de production / consommation à des bassins de coopération régionaux (ex. UE / fleuvre du Sahara) et d’autre part il est nécessaire que les règles du jeu soit les mêmes pour tous les membres du bassin régional.

Il n’est pas question de s’enfermer bien au contraire mais bien de favoriser une coopération interrégionale permettant de lutter contre les inégalités.

CROQUIS DE SYNTHESE 1 : POLES ET FLUX DE LA MONDIALISATION

CROQUIS 1 – LEGENDE