Le continent américain abrite des civilisations depuis au moins la dernière ère glaciaire, soit il y a plus de 10 000 ans . Sa (re)découverte fortuite par les Européens en 1492 en fait un terrain de contacts et surtout de confrontations entre populations autochtones et pionniers européens arrivant par vague successives pour défricher, anthropiser, coloniser ces territoires.
Baptisée en l’honneur du navigateur Amerigo Vespucci par Martin Waldseemüller, l’Amérique est un continent qui s’étire sur plus de 15 000 km du Nord au Sud du globe, de l’Océan glacial Arctique à l’Antarctique, de l’Alaska à la Terre de Feu. Il se caractérise par une grande diversité géographique, socioculturelle et économique. On retrouve trois ensembles géographiques: l’Amérique du Nord, regroupant le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, l’Amérique centrale compris entre le Mexique et la Colombie puis, l’Amérique du sud de Panama à la Terre de feu.
Ce « nouveau monde » reste fortement marqué par la colonisation européenne qui a divisé ce continent en deux grands blocs socio-économiques: l’Amérique anglo-saxonne avec le Canada plus les Etats- unis et l’Amérique latine au sud du Rio Grande. Les divisions au sein de et ensemble et même des sous ensembles sont fortes malgré des tentatives de plus en plus abouties d’intégrations régionales.
Problématique : Dans quelle mesure le continent américain est-il un espace de contrastes et de tensions marqué par des dynamiques d’intégrations régionales à différentes échelles?
I – Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales
A°) Un continent marqué par de multiples contrastes et tensions
1 – Contrastes économiques
C’est en terme de niveau de développement économique que les contrastes au sein de l’aire continentale sont les plus forts. Plusieurs ensembles peuvent être distingués :
Les pays du nord développés : les États-Unis et le Canada. Ce sont les seuls à faire partie du groupe des pays à haut revenus (banque mondiale), à part quelques micro-Etats caribéens (Bahamas, Barbade…). Dans ces deux pays le niveau de développement (IDH >0,9) et le degré de technologie sont bien supérieurs à ceux des autres pays.
L’urbanisation (environ 75% de la population) et la tertiarisation de l’économie (70% des actifs) avancées. Ils disposent d’une économie puissante et diversifiée et les principales métropoles constituent des centres décisionnels d’envergure continentale et mondiale.
L’économie des Etats-Unis est la plus puissante. La valeur de la richesse produite aux Etats-Unis (15 600 milliards de $ en 2010, soit environ 20 % du PIB mondial), est presque le double de celle de tous les autres Etats américains réunis, Canada compris, (leur somme atteint 8500 milliards de $)
Le Canada est un pays riche en ressources naturelles et un grand exportateur de matières premières. Son PIB ppa est de 1500 milliards de $, ce qui le classe au 14ème rang mondial. Sa forte intégration aux Etats-Unis a contribué à l’émergence d’une vaste région transfrontalière, la Main Street America.
Les suds plus ou moins émergents : Brésil d’une part et Argentine, Chili, Venezuela, Colombie, Mexique, Pérou d’autre part.
Ces pays connaissent une croissance économique forte en grande partie liée à leur intégration à la mondialisation : exportation d’hydrocarbures (Venezuela) et de matières 1ères minérales (Chili, Colombie) ou agricoles (Brésil, Argentine), développement industriel (Mexique), accueil d’IDE…
- Le Brésil s’affirme comme la puissance régionale de l’Amérique du Sud : 1er pays récepteur d’IDE du sous-continent, il fait contrepoids à la domination américaine (avec un PIB 7 fois moins élevé toutefois). Cependant, il est traversé par de profondes inégalités sociales (IDH seulement « élevé », à 0,718 soit le 84ème rang mondial, PIB/h d’à peine 12 000 $)
- Mexique sous dépendance des Etats-Unis. PIB de 1700 milliards de $, IDH est élevé (0,770) et le PIB/h de 15 000 $.T Maquiladoras mexicaines installées à la frontière Etats-Unis Mexique permettent de produire à moindre de coûts par des FTN nord-américaine, des marchandises pour les Etats-Unis
- Argentine, pays en crise depuis 2001 après avoir été un « modèle libéral » PIB de 750 milliards de $, IDH de 0,800. Economies diversifiées avec un secteur industriel (industries agro-alimentaires, industrie textile et de la confection, usines d’assemblage) et touristique. Mais crise économique et financière en 2001 dont le pays ne s’est pas remis.
- Chili 750 milliards de $ – Uruguay sous dépendance Argentine a un niveau de développement comparable aux 3 jaguars
- Le Venezuela, la Colombie et le Pérou sont des pays à revenu intermédiaire supérieur mais sensiblement moins développés que les précédents (un PIB/h et un IDH plus faibles – 10 000 à 13000$ et IDH d’environ 0,700). Ces pays sont très dépendants des exportations (Pétrole pour le Vénézuela, Café, sucre pour la Colombie et Or et pêche pour le Pérou) et connaissent de nombreuses tensions sociales (voir 2)
Les pays du sud ou « l’autre Amérique » (Amérique centrale, Amérique andine, caraïbes…). Ces pays ont, malgré la diversité des situations, des niveaux de développement assez bas ainsi que des économies peu diversifiées et dépendantes du cours des matières 1ères et/ou de la demande extérieure. Il s’agit généralement d’Etats peu intégrés au processus de mondialisation et plutôt répulsifs pour les investissements étrangers. Les classes moyennes sont encore rares et les inégalités sociales très fortes, aussi bien au sein des espaces urbains qu’entre les villes et les espaces ruraux souvent rongés par la misère.
- Bolivie, le Paraguay, le Guyana, le Surinam = IDH « moyen », d’environ 0,650 et PIB/h d’environ 5000 $
- Les pays d’Amérique centrale et caraïbes : IDH d’environ 0,600, voire un peu moins, et un PIB/h compris entre 3000 et 5000 $
Un PMA : Haïti qui a un IDH de 0,450, une espérance de vie de 62 ans. PIB/h : 1300 $. Pays est traversée par une fracture sociale entre les 80% de descendants des esclaves nés en Afrique, maintenus dans l’obscurantisme par les régimes successifs et les créoles (métis qui forment l’élite de l’ile).
C’est un des pays les plus inégalitaires du monde (le coefficient de Gini est de 0,60, proche du record mondial de la Namibie = 0,64)
Il est frappée par la déforestation qui provoque l’érosion (1% des terres cultivables disparaissent chaque année). Mais aussi par des cyclones et des séismes et est incapable de conduire se reconstruction ; Haiti est en fait dirigé depuis 2004 par la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti) et accueille de nombreuses ONG évangéliques américaines dont la principale préoccupation est le prosélytisme religieux.
20% des Haitiens ont émigré (République dominicaine, grandes villes d’Amérique du nord ou d’Europe) et leurs transferts de fonds fournissent 25% des revenus du pays.
Sa situation géographique (équidistance des USA et de la Colombie), son absence de surveillance aérienne, voire d’Etat,lui conférent le rôle de plateforme du trafic de drogue entre la Colombie et les Etats-Unis.
2 – Mosaïque culturelle et enjeux géopolitiques
Césure « schématique » culturelle entre :
– l’Amérique anglo-saxonne au Nord et l’Amérique latine au Sud.
– Une Amérique protestante au nord et une Amérique catholique au sud.
– Une Amérique blanche au nord et métissée au sud
Toutefois on peut prendre toutes ces caractérisations en défaut
- Le Québec a pour seule langue officielle le français ; la Jamaique, le Belize ou le Guyana sont anglophones ; l’espagnol est la 2èmelangue parlée aux Etats-Unis (+ de 40 millions de locuteurs)
- Le catholicisme est devenue la dénomination la plus nombreuse aux Etats-Unis alors que les groupes évangéliques et pentecôtistes font de nombreux adeptes en Amérique latine.
- Le métissage est une réalité partout : les naissances de “blancs” sont devenues minoritaires aux Etats-Unis (49,6% des enfants de moins d’un an) et le multiculturalisme y progresse ; certains pays du sud (Argentine, Uruguay) ont une population très majoritairement d’origine européenne.
- Les échanges culturels et les influences croisées se multiplient : La culture des Etats-Unis et le mode de vie américain continuent de se développer en Amérique latine mais l’influence latino-américaine progresse rapidement aux Etats-Unis, où elle est une conséquence de l’immigration. Les populations d’Amérique latine constituent la première minorité du pays (53 millions, soit + de 16% de la population, 2/3 sont d’origine mexicaine) en hausse constante, en particulier en Floride (Cubains), le long de la frontière avec le Mexique, de la Californie au Texas, dans les grandes villes du nord-est. (Haïtiens)
Enjeux géopolitiques
Du point de vue politique, l’opposition Amérique du nord /Amérique latine est encore une fois assez marquée. Tout d’abord, le nord du continent est peu fragmenté (3 États seulement) alors que l’Amérique du sud et plus encore l’Amérique centrale et les Caraïbes sont politiquement très morcelées (l’isthme continental compte à lui seul 7 États).
En terme de régime politique, si les États-Unis (comme les Canadiens) sont attachés au modèle libéral et démocratique, la situation est plus complexe dans le reste du continent. En effet, malgré le processus de démocratisation en cours depuis la fin de la Guerre Froide, des dictatures (Cuba, Haïti, Venezuela), l’instabilité politique (guerre civile en Colombie, coups d’État récurrents en Bolivie…) et la corruption subsistent toujours.
De plus, depuis les années 1990, des partis de gauche développant souvent un discours anti-américain sont parvenus au pouvoir comme au Venezuela (Hugo Chavez puis Nicolás Maduro), en Bolivie (Evo Morales) à l’origine de rapprochement diplomatique au sud mais aussi de tensions géopolitiques à l’échelle continentale.
3 – Des tensions mais peu de conflits ouverts
Des tensions liées aux frontières
La Bolivie, qui a connu trois défaites militaires et perdu la moitié de son territoire entre 1879 et 1938 souhaite retrouver un accès maritime et la majorité de sa population est opposée à l’exportation de son gaz par des ports chiliens, ce qui enrichirait le Chili.
La délimitation des ZEE dans le bassin des Caraïbesou au large des Guyanes pose problème, en particulier quand il y a du pétrole offshore
Cependant aucune guerre n’a éclaté depuis la fin dela guerre froide, en dehors d’un conflit assez bref entre le Pérou et l’Equateur en 1995. L’Amérique latine est aujourd’hui la région du monde qui consacre le moins de crédits à la défense.
Les tensions liées à l’hégémonie américaine
Si certaines tensions opposent des États latino-américains entre eux pour des questions frontalières, les tensions les plus fortes impliquent les États-Unis. Elles proviennent de leur présence multiforme pour défendre leurs intérêts (lutte contre les producteurs de drogue par exemple) et d’un rejet de l’hégémonie états-unienne par certains gouvernements (Cuba, Venezuela).
L’hégémonie Etats-Unis sur l’Amérique latine est ancienne. La politique étrangère des Etats-Unis s’inspire de la doctrine Monroe (1823) : qui veut que l’ensemble de l’hémisphère américain soit exempt d’interventions européennes et qui tend à considérer l’Amérique latine comme une « arrière-cour » dans
laquelle les Etats-Unis jouent un rôle de puissance protectrice envahissante. Bien qu’en recul aujourd’hui, cette tutelle est toujours relayée par une influence multiforme:
– Economique (dollarisation des économies)
– Culturelle: le soft power américain est une réalité en Amérique latine.
– Militaire : présence et interventions militaires directes et indirectes
=> Les Etats-Unis exercent une influence et un fort pouvoir d’attraction sur leurs voisins immédiats (Canada, Mexique) et sur l’ensemble du Bassin caraïbe, alors qu’au Sud du continent, le Brésil et les pays du cône Sud affirment une plus grande autonomie.
Des tensions internes aux Etats
Les inégalités sociales, qui recoupent souvent des différences ethniques (Indiens/autres), sont très marquées débouchent sur des violences. Elle se concentre dans les bidonvilles des grandes métropoles et dans les territoires les plus pauvres, enclavés et à fort peuplement amérindien : le retard économique de ces régions a favorisé l’émergence de rébellions paysannes (Armée Zapatiste de Libération Nationale), l’afflux de guérilleros d’extrème gauche (Sentier lumineux, FARC, ELN) quiont généralement financé leurs activités par le trafic de drogue ; les conflits et les trafics issus de ces « zones grises » impliquent les Etats voisins proches (le Venezuela, l’Equateur, dans le conflit en Colombie) ou plus lointains (les Etats-Unis qui interviennent en Colombie ou au Mexique)
En Bolivie, pays le plus pauvre d’Amérique du sud, où 70% de la population est amérindienne, les tensions sont vives entre les« créoles » (descendants des européens et métis) qui ont porté au pouvoir des gouvernements qui ont procédé à la privatisation du gaz et préparaient son exportation par le Chili, et les amérindiens pauvres et ruraux, frappés par les fermetures des mines, qui cultivent la coca et dénoncent la dilapidation des richesses nationales.
Des ethnies revendiquent pacifiquement la reconnaissance de leurs droits ancestraux sur leurs territoires ainsi qu’une gestion durable des ressources (indigènes d’Amazonie, ou du Grand Nord canadien).
B°) Des logiques d’intégration régionale différentes et concurrentes
1 – La domination de l’Alena et du Mercosur
Accord de libre-échange nord-américain – 1994 (ALENA : 3 pays, 460 millions d’h). Cette zone est fondée sur la suppression des barrières douanières et la libre circulation des capitaux, sans permettre la libre circulation des personnes. L’Alena a favorisé la hausse des échanges entre les trois Etats et la croissance de leurs économies respectives. Elle a accéléré le développement du Mexique, mais bloqué ses flux migratoires et accru sa dépendance économique à l’égard des Etats-Unis (+ de 80 % des exportations vers les Etats-Unis), ainsi que celle du Canada (80%). Le Mexique et le Canada, garantissent aux Etats-Unis la sécurité des approvisionnements énergétiques.
Le Marché commun du Sud – 1991 (MERCOSUR : 5 pays depuis l’adhésion du Venezuela en 2012, 275 millions d’h). C’est une union douanière issue du rapprochement entre le Brésil et plusieurs pays du cône Sud. Plusieurs États d’Amérique andine s’y sont associés.
Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) formée autour de Cuba et du Venezuela en 2005 et regroupant aujourd’hui 8 Etats (Equateur, Bolivie + 4 petits Etats centraméricains et caribéens). Le Venezuela maintient Cuba en lui fournissant du pétrole et en lui achetant les services de ses médecins, infirmiers, instituteurs et gardes du corps à des tarifs exorbitants.
CELAC (2010 – Communauté d’Etats latino-américains et caraïbes) qui regroupe l’ensemble des Etats du continent à l’exclusion des Etats-Unis et du Canada, est un forum culturel et politique pour le développement de l’ensemble du bloc. Son but est d’arrimer les Etats des Caraibes à ceux d’Amérique latine déjà mieux intégrés.
ALEAC (Accord de libre échange de l’Amérique Centrale, 2004) est un accord proposé par les Etats-Unis à cinq pays d’Amérique centrale (Guatemala, El Salvador, Honduras, Costa Rica et Nicaragua). Pièce du puzzle ZLEA, l’ALEAC a été signé le 28 mai 2004 à Washington. La logique de l’ALEAC est celle d’un processus d’intégration régionale élaboré en fonction de la stratégie commerciale des Etats-Unis.
L’Organisation des Etats américains (OEA qui regroupe les 35 Etats) a été fondée en 1948 dans le contexte du début de la guerre froide dans un but anticommuniste. Elle a souvent été appelée le «ministère des colonies » des Etats-Unis, c’était l’instrument de l’interventionnisme de la grande puissance du nord, largement discréditée.
2 – Conséquences et limites de l’intégration régionale.
Concrètement, l’intégration débouche sur un ensemble de grands projets :
o Aménagements de transports multimodaux ;
o Aménagements portuaires et fluviaux (Amazone)
o Des infrastructures de transports énergétiques se mettent en place à l’initiative des gouvernements et de grandes entreprises (notamment pétrolières).
Ces programmes sont toutefois freinés par le poids des distances et des contraintes naturelles (Andes, Amazonie). En 2010, les échanges interrégionaux d’Amérique latine ne couvrent que 19 % du commerce total,même si leur valeur a été multipliée par 10 en vingt ans au sein du Mercosur, surtout à l’avantage du Brésil.
Les tensions politiques ont des répercussions inattendues sur le commerce : malgré leurs différends, les Etats-Unis sont le 1erclient et 1er fournisseur du Venezuela, en revanche l’Argentine a réduit ses fournitures de pétrole et de gaz au Chili, ce qui a provoqué une pénurie dans ce pays.
Les espaces transfrontaliers dynamisés sont encore rares mais en développement :
o Main Street América et Pudgetopolis (région intégrée de Seattle/Vancouver)
o Mexamerica (entre Mexique et Etats-Unis)
o Frontière entre le Brésil et l’Uruguay
o « Triple frontière» entre le Brésil, l’Argentine et le Paraguay qui a vu émerger une nouvelle langue (le portugnol) et s’organiser un partage de l’hydorélectricité produite par le barrage géant d’Itaipu
Les flux ont surtout lieu entre pays proches ou par voie maritime: hormis la Transaméricaine, qui n’est pas au gabarit au Panama et en Colombie, il n’y a aucun reseau qui unifie tout le continent américain. Les besoins expliquent que ces réseaux soient en pleine expansion.
Les réseaux, notamment les tubes ou le rail, sont établis à l’échelle sous-continentale, souvent en reliant les côtes atlantique et pacifique (ponts transcontinentaux)
Les flux de personnes témoignent de l’importance des contacts entre les pays du continent américain. Les flux migratoires au sein de l’Amérique latine et entre l’Amérique latine et les Etats-Unis/Canada sont les plus importants du monde. Ils donnent lieu à des transferts de fonds vers les pays de départ, dont le montant dépasse celui de l’aide publique au développement.
Ils contribuent à un brassage culturel au sein des pays d’accueil
II – Etats-Unis, Brésil : le rôle mondial des deux géants des Amériques
Les Etats Unis et le Brésil sont les deux premières puissances du continent américain. Ces deux Etats immenses (respectivement 9,6 millions et 8,5 millions de km², 3ème et 5ème rang mondial) disposent tous deux d’abondantes ressources naturelles (hydrocarbures, minerais) et de gigantesques surfaces agricoles. Pays d’immigrants, l’aménagement premier de leurs territoires s’est fait par vague, à partir du littoral (logique pionnière).
Toutefois, le poids économique, l’ascendance politique et le rayonnement culturel de ces deux Etats sont encore très différents. Alors que le Brésil possède une zone d’influence essentiellement régionale (l’Amérique du Sud) et des interventions sur la scène internationale ciblées, les États-Unis exercent une influence mondiale multiforme.
Problématique : Dans quelle mesure les deux puissances américaines que sont le brésil et les Etats-Unis sont-elles comparables?
A°) Les aspects et les limites de la puissance
1 – Hard Power (aspects démographiques et économiques)
Les États-Unis dominent nettement l’économie mondiale:
- La croissance de la population des États-Unis (315 millions d’habitants) est alimentée par un solde migratoire fort. Les États-Unis reçoivent des immigrants venus du monde entier et sont le premier pôle d’immigration mondial, notamment pour les élites.
Il y a plus de 38 millions d’immigrés dans le pays, soit env. 13% de la population (le double de la proportion de l’UE). Le nombre d’illégaux est évalué à 12 millions, les ¾ venant d’Amérique Latine
Aujourd’hui près d’un million de personnes entrent légalement dans le pays chaque année. - Les États-Unis sont la 1ère économie du globe (PIB : 18 600 milliards de $). Ils ont crée autour d’eux une aire de libre échange, l’Alena, qu’ils dominent largement. Les États-Unis disposent à la fois des plus puissantes bourses de valeurs (New York) et de commerce (Chicago) ainsi que de la première monnaie de réserve du monde, même ils sont très endettés. Les États-Unis restent le premier pays pour l’accueil et l’émission d’IDE
- Les Etats-Unis capitalisent le plus gros budget de la défense au niveau mondial : en 2011, leur poids était de 40 % des dépenses mondiales. En chiffres, les sommes allouées aux dépenses militaires atteignaient 700 milliards de dollars en 2010, ne cessant d’augmenter depuis 2001. Ils sont militairement et en nombre implantés partout dans le monde sous forme d’alliances militaires (ex : Otan), de bases fixes, flottes (mouvement). Aujourd’hui, cet Etat possède la seule armée au monde capable d’intervenir n’importe où à la surface du globe pour y porter la guerre
Le Brésil s’affirme comme puissance émergente malgré des difficultés récentes
- La population du Brésil (195 millions) est principalement issue de l’immigration par vagues moins massives, venues du Portugal, d’Italie, d’Espagne puis, au XXe siècle, d’Allemagne ou du Japon et du continent sud-américain. L’immigration contribue à renforcer son poids démographique et il s’oriente vers une politique de drainage des cerveaux, notamment en provenance de la péninsule ibérique.
- Le Brésil est passé à 6ème place mondiale en 2011 (9ème économie mondiale en 2015) (PIB : 2 500 milliards de $ en 2011 mais 1 770 milliards de $ en 2015 ). Malgré ses difficultés récentes, le Brésil est la puissance motrice du Mercosur (Mercosul en brésilien). Le Brésil est devenu créditeur au sein du FMI en 2011 alors que son économie était marquée par une forte croissance. La bourse de Sao Paulo se classe parmi les 10 premières bourses des valeurs mondiales (9ème en 2009 en terme de capitalisation, laquelle représente environ 10% de celle du NYSE) – Le Brésil investit en Afrique ainsi qu’aux États-Unis et son marché, en plein essor, attire les firmes transnationales du monde entier.
- Le Brésil entend gagner sa place au conseil permanent de sécurité de l’ONU en maintenant coûte que coûte certains de ses projets prioritaires en termes de défense: programme de sous-marins nucléaires (PNM), hélicoptères, surveillance aux frontières…
Le Brésil traverse cependant la pire récession de son histoire, (voir doc) avec une baisse du PIB pour la deuxième année consécutive, alors que les effets des mesures d’austérité du gouvernement se font attendre et que le pays reste miné par les scandales de corruption.
2 – Soft Power (deux modèles culturels)
Les États-Unis concentrent les universités et les centres de recherche les plus prestigieux du monde, ce qui attire de nombreux chercheurs. Ceux-ci permettent aux États-Unis d’être le pays qui compte le plus grand nombre de prix Nobel.
Les Etats-Unis se sont dotés d’un véritable « soft power », en s’appuyant sur la diffusion de leurs produits culturels et de leur langue ; dans le domaine des films, les États-Unis sont en position de force à l’échelle mondiale, du fait de leur production (3ème position après l’Inde et la Chine avec 500 long métrages par an en moyenne contre un peu plus pour la Chine et le double pour l’Inde) mais surtout de leur diffusion planétaire. Les séries télévisées américaines s’exportent elles aussi dans le monde entier. D’après Frédéric Martel, auteur de Mainstream (2010) les Etats-Unis réaliseraient aujourd’hui 50% des exportations mondiales de contenus culturels. Alors que les séries américaines ont longtemps véhiculé l’American Way of life, depuis les années 2000 ces mêmes séries sont devenues le veteur principal de la critique du modèle américain (Desperate housewives, Weeds, Breaking bad…)
Le Brésil, s’il est un assez modeste producteur de longs métrages (80/an) exporte ses séries télévisées, les telenovelas. Les acheteurs étrangers sont les pays hispanophones (les telenovelas sont tournées en portugais et en espagnol), le marché latino des USA et les pays d’Europe centrale et orientale, (la Roumanie et la Russie) puis les pays de Moyen-Orient et du Maghreb, et l’Afrique subsaharienne. Leurs prix sont beaucoup moins élevés que ceux des séries américaines, et elles coresponent au message plus traditionnel souhait »é par ces pays (en opposition aux messages « subversifs » des nouvelles séries américaines). La musique brésilienne et la mode sont aussi largement diffusées depuis les années 1960. Sans oublier le football. En organisant des événements sportifs comme la Coupe du monde de football 2014 et les Jeux olympiques 2016 à Rio de Janeiro, le Brésil affiche des ambitions planétaires.
Le Brésil face à la plus grave crise économique de son histoire
B. Les fondements de la puissance
1. De vastes territoires, riches en ressources naturelles
Respectivement 9,6 millions (USA) et 8,5 millions de km2 (Brésil), ce qui représente 15 et 17 fois celle de la France métropolitaine ; ils se situent au 4ème et 5ème rang mondial et sont dotés de ressources naturelles abondantes :
Les États-Unis sont abondamment dotés : charbon des Appalaches et des Rocheuses (2e rang mondial), pétrole (3ème rang mondial) , minerais des rocheuses (5ème rang pour l’or, 2ème pour le cuivre, 9ème pour le fer).
La moitié de la surface (hors Alaska) est cultivable, avec une majorité de sols riches. Les différents types d’exploitations agricoles couvrent 370 millions d’hectares. Mais l’importance des besoins en fait un pays dépendant de l’extérieur: si le pays est le 1er exportateur mondial de produits agricoles, il est aussi le 2e importateur.
Le Brésil a aussi d’immenses ressources: première forêt tropicale du Monde, Enormes réserves de fer (2ème exportateur mondial), de bauxite (4ème producteur), ou de chrome (1er producteur). La découverte récente de pétrole en mer devrait en faire l’un des premiers exportateurs mondiaux (actuellement 14ème rang des producteurs).
Un des grands atout du Brésil est sa surface agricole : 70 millions d’hectares de cultures et 230 millions d’hectares de pâturages, avec environ 90 millions d’hectares en réserve (sans compter les surfaces forestières). Le pays est le 1erproducteur mondial de sucre, de café et d’oranges,et le 2ème producteur de soja et de tabac.
Les deux pays se livrent une forte concurrence. L’État américain subventionne largement ses agriculteurs pour qu’ils restent compétitifs sur les marchés mondiaux face à des agriculteurs brésiliens souvent prêts à casser les prix. Le Brésil se démarque par ses capacités d’adaptation aux évolutions de la demande: alors qu’il ne produisait pas de soja en 1970, il en est aujourd’hui le 2ème producteur mondial.
Les deux pays sont les plus gros producteurs mondiaux d’agrocarburants.
2 – Des moteurs économiques différents
Mais des économies qui conservent des caractéristiques différentes :
– Les États-Unis tirent leur puissance actuelle de leur capital humain (40 % de la population est diplômée de l’enseignement supérieur), et donc de leur capacité d’innovation, du dynamisme de leurs entreprises et de l’attractivité exercée sur les meilleurs diplômés dans le Monde (Brain Drain).
– Le Brésil possède aussi des entreprises de niveau mondial, mais en nombre beaucoup plus restreint.
Le niveau de formation de sa population n’est pas comparable à celui de celle des Etats-Unis : sur les 130 millions de diplomés du supérieur issus des pays de l’OCDE et du G20 en 2010 3% Brésiliens. (contre 14% Etasuniens).
De plus l’économie du brésil après une très forte croissance en 2010-2012 connait une récession dramatique qui montre sa dépendance à l’égard du cours des matières premières.
C. Un déséquilibre encore net malgré des progrès du Brésil
1- Le poids économique
A l’exception de Vale, minéralier, et de Petrobras,compagnie pétrolière au coeur d’un scandal politico-financier, rares sont les firmes brésiliennes concurrençant les firmes nord-américaines. Celles-ci dominent l’économie planétaire dans l’agroalimentaire (Cargill, Kraft Foods, Monsanto), l’informatique (Microsoft, Apple), le pétrole (Exxon Mobil, Chevron Texaco), la pharmacie (Pfizer) ou l’armement (Lookheed Martin, Boeing).
2. La puissance politique
La puissance américaine repose sur un énorme complexe militaro-industriel. Disposant du premier budget militaire du monde, ses forces armées sont 2 fois plus nombreuses que celles du Brésil et leur armement beaucoup plus sophistiqué. Leur déploiement militaire planétaire en fait un « gendarme du monde» dont l’impérialisme est souvent dénoncé.
Le poids politique du Brésil est nettement inférieur à celui des États-Unis. Malgré l’extension récente de son réseau d’ambassades, en particulier en Afrique, et l’envoi de casques bleus en Haïti, sa diplomatie reste peu influente à l’échelle mondiale. Le Brésil se veut cependant le porte-parole des pays du Sud.
L’ex-président Lula a activé des solidarités Sud-Sud avec les pays émergents et lusophones. À l’OMC, il a critiqué le protectionnisme des pays du Nord.
3.Le soft power
Les États-Unis ont initié des modèles culturels diffusés mondialement : centres commerciaux, fast-food et culture « mainstream » : cinéma, NTIC, séries télévisées. À l’origine du « rêve américain », l’American Way of Life attire et fait des États-Unis le premier pôle d’immigration du monde.
Le solde migratoire brésilien est négatif : pour environ 650 000 résidants étrangers, il y aurait entre 670000 et 2 millions de Brésiliens expatriés.
Les Brésiliens sont de grands producteurs de telenovelas mais la culture brésilienne pâtit de la plus faible diffusion du portugais comparé à l’anglais.
Au-delà des points communs, les États-Unis sont la première puissance mondiale disposant de tous les atouts de la domination, alors que le Brésil est une puissance émergente dont les atouts sont surtout économiques,à la recherche d’une influence sur le continent sud-américain et sur d’autres marchés émergents.
III – Les dynamiques territoriales des deux géants américains (A télécharger ci-dessous)
TG5 – III Les dynamiques territoriales (odt)
TG5 – III Les dynamiques territoriales (pdf)
A°) Le peuplement par les fronts pionniers
1 – Un peuplement progressif et déséquilibré
Première mise en valeur par les côtes : La conquête des territoires a progressé vers l’intérieur, à des rythmes très différents. Dès 1530 pour le Brésil (Nord-Este et Rio de Janeiro), début du XVIIème siècle pour les Etats-Unis (Massachusetts, Virginie)
Début XIXème aux États-Unis, (conquête de l’Ouest), accélérée par la ruée vers l’or (1849) et le chemin de fer transcontinental (1869) => le Pacifique est atteint au XIXe siècle.
Au Brésil, la progression s’est effectuée par cycles successifs, constitués d’avancées et d’abandons : canne à sucre (littoraux), or, (Minas Gerais), au XVIIIe, caoutchouc (Amazonie), coton (nordeste) et café (Sudeste) au XIXe;
Au milieu du XXe siècle, le Brésil mis en valeur ne s’étendait encore pas à plus de 150 km de la côte et les différentes régions ne communiquaient entre elles que par la voie d’eau.
L’inauguration de Brasilia, nouvelle capitale fédérale en 1960, marque la volonté de déplacer le centre de gravité du pays vers l’intérieur.
Faibles densité de peuplement en moyenne (33,7 hab./ km2 aux États-Unis, 23,3 hab./km2 au Brésil), les taux d’urbanisation sont élevés (81 % aux États-Unis, 84 % au Brésil) et la répartition du peuplement est très inégale (côtes très peuplées, vastes territoires peu habités : Amazonie au Brésil, Rocheuses aux Etats-Unis c.f. Croquis)
2 – De nouveaux fronts pionniers et des dynamiques liées à la mondialisation
Les deux pays disposent encore de réserves d’espace très abondantes, notamment l’Alaska, le Mato Grosso et l’Amazonie. Les régions bénéficiaires des flux dans les dernières décennies sont :
– La Sun Belt depuis la Seconde Guerre mondiale aux Etats-Unis (héliotropisme, activités liées à l’exploitation pétrolière mais aussi au développement de pôles technologiques dans le sud)
– Le Sudeste, le Centre ouest et l’Amazonie au Brésil (déforestation, les « sans terres » partent vers l’Amazonie à la recherche de nouvelles teres à déchiffre, front pionnier essentiellement rural)
Les dynamiques liées à la mondialisation : L’histoire du peuplement, l’ouverture des économies et les logiques actuelles d’intégration continentale et sous-continentale expliquent la forte valorisation :
Des interfaces maritimes (façade atlantique du Brésil, façades atlantique et pacifique des États-Unis). Les hommes et les activités se concentrent sur les littoraux : grandes métropoles et majorité de la population (4/5e des Brésiliens et 2/3 des Étasuniens)
Des interfaces frontalières (la frontière entre les États-Unis et le Mexique, frontière États-Unis/Canada, frontières Brésil/Paraguay/Argentine)
Des métropoles qui concentrent les espaces décisionnels. Les plus puissantes sont des mégapoles : New York (22 millions) et Sao Paulo (20 millions d’hab. en 2010), sont au 3ème et 6ème rang mondial. Elles forment autour d’elles de vastes mégalopoles.
Cette combinaison de facteurs induit de forts contrastes territoriaux entre des régions motrices et des régions plus diversement attractives et expliquent des dynamiques territoriales complexes.
B°) L’organisation spatiale et la maitrise du territoire
1. Réseaux de transports et ouverture sur le monde
Un maillage des transports serré et une ouverture importante sur le monde aux Etats-Unis.
Les façades océaniques se décomposent en 3 vastes ensembles portuaires :
ceux de la côte pacifique (trafic de conteneurs avec l’Asie à partir de Los Angeles, Long Beach, Portland ou Seattle)
ceux de Louisiane et du Texas, sur le Golfe du Mexique, tournés vers les hydrocarbures
ceux de la Megalopolis (New York, Philadelphie, Baltimore, Boston…) sont surtout mixtes.
Le trafic aérien des USA représente 40% du trafic mondial. Les grands aéroports, les hubs, peuvent être plus spécialisés dans les vols internationaux (NY, LA)
De multiples liaisons transcontinentales et intérieures aux Etats-Unis
Les premières explorations utilisaient les voies navigables qui ont été aménagées et doublées de canaux artificiels sur lesquels peuvent circuler des navires de grand gabarit.
- Le réseau principal est celui du Mississippi et de ses affluents + Grands Lacs + St Laurent (Canada).
- La conquête de l’Ouest s’est aussi faite grâce aux chemins de fer, aux lignes transcontinentales qui servent toujours pour d’immenses convois de trains de marchandises.
- Les USA sont le pays de l’automobile et des camions géants. Les axes routiers, qui représentent 25% du réseau routier mondial, quadrillent le territoire.
=>Voies ferrées + transport routier assurent des « ponts transcontinentaux »permettant aux 2 façades océaniques d’être reliées plus rapidement que par voie maritime - Les vols intérieurs sont très utilisés (Atlanta, Chicago). Les aéroports sont devenus des lieux de concentration des activités (hôtellerie + congrès, industries de pointe).
Un réseau de transport incomplet au Brésil
Le Brésil n’a qu’une seule façade maritime, et l’immense intérieur, partiellement accessible et mis en valeur, se termine par le cul-de-sac amazonien, très incomplètement contrôlé, que des routes s’efforcent de désenclaver
- Le Brésil dispose de deux aéroports internationaux principaux (Rio et Sao Paulo) et de nombreux aéroports locaux. Entre les villes, on se déplace en avion ou en autocar le réseau ferré étant quasiment inexistant.
- De nouveaux axes routiers ont été construits pour désenclaver l’intérieur et souder les économies du Mercosur. Il en résulte un renforcement de la métropolisation, qui profite d’abord à Sao Paulo et à Rio.
- Un projet de construction de LGV entre les deux principales métropoles devrait aboutir à l’horizon 2018 (déjà reculé deux fois).
- L’iirsa est un vaste programme de construction de nouvelles routes, de ponts, de voies fluviales et de liaisons énergétiques et de communication réunissant les douze pays d’Amérique du Sud. C’est un des résultats du premier sommet sud-américain des douze présidents, qui se sont mis d’accord pour la créer en 2000.
- Le Sud–Est la seule région qui dispose d’infrastructures de qualité, d’un réseau urbain complet, polycentrique et hiérarchisé et qui offre des opportunités de vie décente à ses habitants.
2. L’organisation du territoire et les dynamiques régionales
Etats-Unis (voir croquis)
Le Nord-Est des Etats-Unis reste le « centre» du pays :
Forte concentration de population, industrialisation ancienne, urbanisation et réseaux de communication denses, large ouverture maritime sur le Monde.
Cette région a traversé une crise profonde depuis les années 1970, touchant plus particutièrement les rives des Grands Lacs et les zones industrialo-portuaires de la Mégalopolis : Baltimore, Pittsburgh et Detroit ont connu une grave désindustrialisation.
Le Nord-Est a su rebondir, grâce aux hautes technologies et il demeure un centre du monde, où se prennent des décisions de portée planétaire (ONU, FMI, Banque mondiale, Maison Blanche, Pentagone, sièges sociaux de grandes firmes transnationales).
L’Ouest des Etats-Unis (croissant périphérique ou SunBelt) :
C’est l’autre centre dynamique des États-Unis. Ses atouts sont les aménités du milieu, les ressources naturelles (hydrocarbures) et l’essor des technologies (informatique, aéronautique). La Californie est l’État le plus peuplé des États-Unis, au premier PIB grâce à ses métropoles (Los Angeles et San Francisco), ses hautes technologies (Silicon Valley) et au centre mondial de l’industrie du cinéma. De part et d’autre de la frontière avec le Canada, une région urbaine s’affirme, de Vancouver à Portland, avec Seattle comme cœur de l’industrie aéronautique (Boeing). Le Sud (du Texas à Miami s’affirme de même grâce aux nouveaux pôles technologiques et pharmaceutiques)
Les périphéries
L’intérieur du territoire est une périphérie exploitée (agriculture) ou valorisée (parcs nationaux), tandis que l’Alaska demeure un front pionnier en voie d’intégration grâce à ses ressources pétrolières .
Brésil (voir croquis)
Le Sud-Est (Sudeste), coeur économique et démographique du Brésil
La façade maritime du Sud-Est occupe une place déterminante dans l’organisation du territoire : le Sudeste produit 60 % de la richesse du pays et accueille les 3 plus grandes villes : Sâo Paulo, Rio de Janeiro et Belo Horizonte.
Sao Paulo = 20 millions d’hab. principal centre financier, commercial et industriel d’Amérique latine. 80% des sièges sociaux du pays, 2.5 millions d’emplois dans les industries, des activités de services de haut niveau, villes privilégiée pour les IDE.
Rio de Janeiro = + de 12 millions ; ancienne capitale. 2ème pôle économique du pays avec une industrie diversifiée et des services (tourisme, audiovisuel)
Le Nord-Est (Nordeste), région défavorisée
L’économie du Nordeste repose sur une agriculture commerciale (canne et cacao), l’exploitation pétrolière et des industries traditionnelles. le Nordeste souffre de mal-développement (analphabétisme à 22 % contre 4.7 % à Brasilia la capitale).
La région est dominée par deux métropoles au rayonnement limité, Salvador (4 millions d’hab., ancienne capitale jusqu’au début du XVIIIe siècle, ville en plein renouvellement urbain) et Recife (3,8 millions). Le développement de l’exploitation pétrolière pourrait toutefois favoriser cette région.
Les périphéries
Le Nord et surtout le Centre-Ouest (Mato Grosso) sont dynamisés par une politique volontariste de conquête du territoire (Brasilia, front pionnier) mais reste très en deça du développement du sudeste. Frappée par les crises économiques, la population migrant en Amazonie ne parvient pas à sortir d’une agriculture vivrière qui peine à les faire survivre.
C. Un développement durable ?
Dans les deux pays, les disparités régionales et sociales sont fortes, elles recoupent souvent des fractures ethniques.
1. Les inégalités sociales et régionales
=> Le Brésil est proche des records mondiaux en matière d’inégalités sociales (126ème sur 135 en terme de coefficient de GINI) : une minorité très riche cohabite avec une masse très pauvre.
Les poches de pauvreté et de sous-développement apparaissent surtout au Nord et au Nordeste, régions rurales arides marquées par les fortes inégalités : seulement 7 % des familles de l’État de Santa Catarina (sud) reçoivent une aide contre 48 % dans celui du Maranhào (nord). Cependant, durant les huit années de la présidence Lula, 30 millions de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté (Bolsa familia).
La question agraire est au cœur des inégalités. De vastes fazendas côtoient des minifundios. Le nombre de paysans sans terre est important. Ils investissent souvent de grandes propriétés de manière illégale, mais s’exposent à la répression des autorités et des propriétaires.
=> Les États-Unis connaissent aussi une très forte inégalité pour un pays riche. (97ème / 135 – France est 35ème) 40 millions d’Américains vivent en dessous du seuil de pauvreté. L’IPH-2 (indice de pauvreté humaine), des Etats-Unis est de 16% (11% en France, 7% en Suède).
La pauvreté est là-aussi localisée dans les grandes métropoles, au sud du pays : L’Alabama, la Géorgie ou le Mississipi sont particulièrement confrontés à la pauvreté ; l’ouragan Katrina, en 2005, a fait 130 morts, dont 53% d’afro-américains (21% de la population du Missippi vit sous le seuil de pauvreté) et de plus en plus au Nord dans les anciens bastion industriels (RustBelt autour de détroit, Chicago…).
La pauvreté trouve son origine dans la faiblesse des programmes sociaux, l’inégalité en terme d’accès à l’éducation ou à la santé et dans la multiplication des emplois précaires. La crise de 2008 et le chômage qui l’a accompagné a accentué ses inégalités en privant les étasunien de leur propriété notamment. Aujourd’hui même si le chômage diminue les inégalités continuent d’augmenter, de nombreuses personnes ayant cessé de rechercher un emploi.
Les deux pays ont une histoire marquée par la traite et l’esclavage :
Aux Etats-Unis l’esclavage a été pratiqué entre 1619 et 1865, au Brésil entre 1532 et 1888.
Aux États-Unis, les Noirs sont les premières victimes de la pauvreté et de la violence urbaine : l’espérance de vie des noirs (73 ans) est de quatre ans inférieure à celle des blancs (77 ans). 20% des noirs et des hispaniques vivent en dessous du seuil de pauvreté contre moins de 10% des blancs. Dans la tranche d’âge de 20 à 34 ans, un jeune Noir sur 9 est derrière les barreaux. le communautarisme conduit à des formes de fragmentation urbaine.
Si la société brésilienne est plus métissée que la société américaine, si le Brésil est la 2ème nation noire après le Nigéria, il y existe aussi une culture raciste non-avouée et les inégalités sociales y recoupent bien souvent les contrastes raciaux, comme aux Etats-Unis. Il est par exemple extrêmement récent que des noirs jouent des premiers rôles dans des telenovelas.
Le communautarisme conduit à des formes de fragmentation urbaine. Les noirs sont surreprésentés dans les ghettos américains et les favelas. Les fractures provoquent des logiques de repli, qui elles mêmes génèrent de nouveaux types d’urbanisme et de pratiques comme les Gated Communities (quartiers privatisés et sécurisés où vit une population aisée) qui sont nés aux États-Unis avant de se développer à la périphérie des métropoles brésiliennes sous le nom de « condominios fechados ». (communauté fermées)
Aux États-Unis, les villes les plus frappées par la désindustrialisation et la pauvreté sont celles où la criminalité est la plus élevée (Baltimore, Saint-Louis, Detroit), mais les villes de la SunBelt ne sont pas épargnées. Dans les favelas de Sao Paulo les gangs disposent d’armes de guerre, l’insécurité est permanente, les façades sont grillagées ; c’est la première ville du monde pour le trafic d’hélicoptères privés, utilisés par les plus riches pour se déplacer
A Rio, les favelas se situent sur les hauteurs, dans les quartiers les plus difficilement accessibles car privés de transports publics. Les groupes mafieux y font la loi et les gouvernements essayent de les reconquérir par des opérations militaires.
2. La question de l’environnement, un sujet sensible
Leurs agricultures recourent massivement aux OGM, à propos desquels le débat n’est pas clos : 64 000 hectares aux Etat-Unis – 1er rang mondial- et 22 000 au Brésil – 2ème rang juste devant l’Argentine.
Ils sont les premiers producteurs mondiaux d’agro-carburants, alors qu’une partie de leur population reste confrontée à la sous-nutrition. Au Brésil, c’est surtout de la canne à sucre qui est utilisée, et elle a un très bon rendement en litres par hectares et un coût modeste ; la filière permet de lutter contre la pauvreté, particulièrement au Nord-Est, dans la partie la plus pauvre du pays, elle aurait crée 1,5 millions d’emplois. Mais l’agriculture intensive et mécanisée de la canne à sucre prive les paysans de leurs terre et abîme les sols. des recherches sont en cours au Brésil pour permettre un mode de production du bioéthanol qui soit plus écologique.
A l’inverse, la production d’agro-carburants par les céréaliers étasuniens, a contribué à provoquer une crise alimentaire en 2007 au Mexique : ce pays, qui a accepté en entrant dans l’Alena en 1994 d’ouvrir ses frontières au maïs étasunien, a été frappé par une crise alimentaire lorsque les agriculteurs du grand voisin ont décidé de vendre leur production aux firmes pétrolières : le
prix de la tortilla a doublé en 2007 ce qui a provoqué un grand mouvement de protestation.
Les sources d’énergie autres (charbon des Appalaches pour la révolution industrielle du XIXème siècle, pétrole à partir du début du XXème, gaz de schiste depuis XXIème siècle) mais doivent répondre à des besoins toujours croissants.
Protection des forêts. Au Brésil, la protection de l’Amazonie est organisée depuis les années 1960 : le code forestier de 1965 fixe les directives nationales en matière de zones naturelles protégées ; des zones comme les berges des rivières ou le sommet des collines sont protégées, une « réserve légale » (superficie qu’un propriétaire ne peut pas exploiter) est fixée à 80 % des propriétés dans les Etats d’Amazonie. Il est appliqué plus rigoureusement depuis la fin des années 1990 et a permis de réduire chaque année par trois la superficie déforestée.
Aux Etats-Unis la protection de la fprpête est une enjeu ancien (« the Wilderness », l’attraction qu’exerce la nature « sauvage ») mais les parcs naturels sont fortement anthropisés (Yellowstone)
Propositions de croquis à choisir (piochés chez des consoeurs et confrères, merci à eux):
1 – Croquis Dynamiques Territoriales des Etats-Unis
2 – Croquis Dynamiques Territoriales du Brésil